UFC-Que Choisir de la Nièvre

Matelas pour bébés : Des modèles dangereux

Nos confrères allemands de Stiftung Warentestont ont testé 14 matelas pour bébé. Leurs résultats ont de quoi inquiéter les jeunes parents. Certains modèles peuvent être achetés en France et ils présentent un vrai danger, et pas des moindres : ils risquent d’étouffer le bébé.

Presque un matelas pour bébé sur deux est classé « non satisfaisant » dans le test de nos homologues allemands. Tous les matelas recalés sont trop mous et présentent un vrai risque d’étouffement du bébé. Si jamais le tout-petit se retrouve couché sur le ventre, son visage va s’enfoncer dans le matelas, sa respiration peut se trouver bloquée, tant par le nez que par la bouche, il meurt par manque d’oxygène.

Pour éliminer ce risque, la norme applicable aux matelas pour enfants comporte un test crucial, celui de la bille. Cet essai simule l’enfoncement de la tête d’un jeune enfant dans le matelas. Six modèles y ont échoué, dont cinq qui sont vendus en France via des sites Internet.

Il s’agit des matelas suivants :

  • Alvi Max
  • Julius Zollner Air Plus
  • Julius Zollner Baby dream comfort
  • Pinolino Allergo-Vlies
  • Traumaland Schlummerste
test-matelas-bebe
Le test de la bille permet de simuler l’enfoncement de la tête dans le matelas : à gauche, le test est réussi, à droite, la bille s’enfonce trop.

Aucun bébé de moins de 1 an ne doit dormir sur un de ces matelas. Le risque est maximal pour les tout-petits. Si leur tête s’enfonce dans le matelas, ils ne sont pas capables de relever la tête ou de se retourner pour faire face à un manque d’oxygène.

Même si les causes de la mort subite du nourrisson demeurent à ce jour débattues, la responsabilité d’un matelas trop mou ne peut être exclue, surtout si le bébé se retrouve par mégarde couché sur le ventre.

Seul le fabricant Pinolino a réagi correctement en annonçant retirer son matelas incriminé du marché et reprendre les exemplaires déjà vendus, dès la réception des résultats de nos confrères. Il est incompréhensible que les autres marques n’en aient pas fait autant.

Disponibles via Internet en France, deux matelas testés par nos confrères allemands sont en revanche sans risques, ils ont parfaitement réussi les essais de laboratoire, il s’agit de :

  • Ikea Skönast
  • Prolana Kati Plus (boutique en ligne brindilles.fr)
30 novembre 2018

Cidre : Des bienfaits largement exagérés

Le cidre véhicule l’image du terroir, activement soutenue par ses fabricants. Mais cette boisson alcoolisée serait aussi un « atout nutritionnel », à en croire la récente communication d’une union interprofessionnelle représentant le secteur. Une promesse trompeuse qui masque aussi les risques de cette boisson, avant tout alcoolisée.

 

Depuis la loi Évin de 1991, le contenu de la publicité sur l’alcool est très encadré. En ce qui concerne les communications adressées aux journalistes, la ligne est plus floue. La filière cidricole l’a bien compris. En témoigne un récent communiqué titré Cidre et Nutrition et envoyé par Cidres de France. Cette antenne de l’Union nationale interprofessionnelle cidricole (Unicid) y détaille longuement les avantages nutritionnels de cette boisson alcoolisée. Et n’hésite pas à mettre en avant la parole d’une diététicienne, y compris dans un dossier de presse accessible sur son site.

cidre-et-sante-dieteticienne
Le dossier de presse de Cidres de France fait appel à une diététicienne pour vanter les avantages nutritionnels du cidre.

Dédramatiser la consommation d’alcool pour redorer son blason, c’est l’un des ressorts habituels des distributeurs. Jouer les cartes « minceur » et « nutrition » est moins courant. C’est pourtant l’angle d’attaque adopté par Cidres de France, qui s’interroge : « Le cidre, bon pour la ligne ? » Un slogan alléchant mais surtout trompeur à l’égard des consommateurs.

COMPTONS LES CALORIES

À en croire ce document, le cidre présente un avantage majeur face à ses concurrents. « Deux fois moins calorique que le vin », il aurait aussi le bon goût de ne pas contenir de sucres ajoutés. Un laïus répété à l’envi sur le site et sur les réseaux sociaux. Cet argument cible toute personne susceptible de faire attention à sa courbe de poids, car les boissons alcoolisées sont fortement caloriques. Sauf que le cidre ne fait pas exception. Il est aussi riche en calories que… la bière !

cidre-et-sante-site
Sur la page Facebook de Cidres de France, c’est le faible apport calorifique du cidre qui est mis en avant.

Alors pourquoi insister sur ce point ? La question des calories est un problème récurrent pour les différents représentants du secteur. « Le lobby alcoolier au niveau européen s’oppose farouchement à une obligation de transparence sur l’apport calorique des boissons alcoolisées. Une fois de plus, il fait prévaloir les intérêts économiques au détriment de l’intérêt général et de la santé », précise l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa) sur son site (1).

C’est sur ces thèmes que joue ce communiqué, en délivrant une information partielle. Et la stratégie est clairement assumée. « La volonté de la filière cidricole est de démocratiser le cidre dans la consommation des Français, nous indique le service de presse en charge du dossier. Nous communiquons donc sur tous les aspects de la filière en étant le plus transparent possible. »

SELS MINÉRAUX, DIGESTION…

Mais la transparence a une limite. Car ce qu’oublie de rappeler cette communication, c’est que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé et qu’il n’existe pas de consommation sans risque. Or, l’excès d’alcool est responsable de 200 pathologies et atteintes (cancers, maladies cardiovasculaires, toxicité cérébrale, etc.) et d’environ 50 000 décès par an. « Nous respectons dans toute communication au grand public, sur Internet comme en toute occasion, la législation en vigueur et rappelons chaque fois les recommandations de santé publique », nous rétorque le service de presse.

L’exercice de communication va plus loin, en proposant aux journalistes des chiffres et un angle alléchants : le cidre aurait de réels « atouts nutritionnels », dans la mesure où il est riche en potassium, en sels minéraux, en antioxydants ou même en sorbitol. Ce sucre-alcool, considéré comme un édulcorant naturel, stimule aussi l’activité de la vésicule biliaire. Mais là encore, deux éléments majeurs passent à la trappe : ces nutriments proviennent tout simplement des pommes et le sorbitol, consommé en excès, a un effet laxatif.

N’en déplaise à Cidres de France, le meilleur moyen de prendre soin de sa ligne et de sa santé reste encore de croquer des pommes. Elles abritent, en plus, vitamines et oligo-éléments en quantité.

 

(1) Alcools et information des consommateurs : une exigence légitime, Anpaa, 12/12/2016

30 novembre 2018

Fluoroquinolones : Des antibiotiques à éviter

Les plus connus s’appellent Tavanic ou Monoflocet. Ces antibiotiques, de la famille des fluoroquinolones, présentent des effets indésirables non seulement graves mais de plus en plus nombreux. Il faut arrêter de les utiliser pour des maladies courantes.

 

Que d’effets indésirables ! Le dossier des antibiotiques de la famille des fluoroquinolones (Monoflocet, Tavanic et autres) ne cesse de s’alourdir. Ces médicaments sont autorisés contre diverses infections bactériennes : ORL, respiratoires, urinaires, gastro-intestinales, etc. Mais leur usage, en comprimé ou inhalé, apparaît de plus en plus risqué. Cet été, l’agence sanitaire américaine (FDA) exigeait que l’information soit renforcée sur ses effets possibles en santé mentale telles que des troubles de l’attention, de l’agitation, des problèmes de mémoire, etc. Courant novembre, un nouvel effet indésirable venait s’ajouter officiellement à cette liste : la survenue d’anévrismes aortiques. Il s’agit d’une dilatation de la paroi de l’artère qui peut se rompre et avoir des conséquences extrêmement graves. Ce risque est plus marqué chez les personnes âgées.

 

RESTREINDRE L’USAGE

Ces antibiotiques étaient déjà connus pour provoquer des troubles musculaires, articulaires (rupture du tendon d’Achille, par exemple) et nerveux. Des « effets indésirables durables, handicapants et potentiellement irréversibles », note l’Agence européenne du médicament qui recommande désormais d’en restreindre l’usage. Par exemple, leur utilisation est déconseillée en prévention de la diarrhée du voyageur. D’une manière générale, il faut les éviter pour des infections légères ou moyennement graves. Leur usage doit être réservé aux cas les plus graves, quand d’autres antibiotiques ne peuvent pas être utilisés. Pour les personnes âgées, souffrant de troubles rénaux ou prenant des corticoïdes, une prudence accrue est encore plus de mise.

RÉAGIR

Les professionnels de santé prescrivant ces antibiotiques devraient prévenir leurs patients d’arrêter le traitement en cas d’apparition de symptômes au niveau des muscles, des articulations et du système nerveux. Rapprochez-vous rapidement de votre médecin et n’hésitez pas à faire une déclaration de pharmacovigilance.

LES MÉDICAMENTS CONCERNÉS

 

  • Ciprofloxacine (Ciflox, Uniflox)
  • Lévofloxacine (Tavanic)
  • Moxifloxacine (Izilox)
  • Norfloxacine (marques génériques)
  • Fluméquine (Apurone)
  • Ofloxacine (Monoflocet, Oflocet)
28 novembre 2018

Oscaro.com : Une dernière chance de réagir

Alors que la situation des clients d’Oscaro.com ne s’améliore pas, l’UFC-Que Choisir vient de mettre en demeure le vendeur de pièces détachées automobiles de respecter ses obligations légales. Si rien n’est fait pour y remédier rapidement, une action en justice pourrait être entamée.

 

Après avoir fait l’objet de rumeurs sur sa faillite et avoir annoncé une augmentation de son capital, la société Oscaro.com avait promis de faire de la qualité de service sa grande priorité. Deux mois après cet épisode, force est de constater qu’on en est très loin. Les clients mécontents continuent à témoigner sur notre forum et à demander de l’aide à nos associations locales pour résoudre le litige qui les oppose au vendeur en ligne de pièces détachées automobiles. Nombreux sont ceux qui racontent n’avoir jamais reçu la commande qu’ils avaient passée ou expliquent ne pas avoir réussi à obtenir le remboursement des sommes qu’ils avaient versées après une non-livraison ou suite à une rétractation.

Face à cette situation, l’UFC-Que Choisir a décidé de passer à la vitesse supérieure. Il y a quelques jours, notre service juridique a fait parvenir à la société Oscaro.com un courrier recommandé la mettant en demeure de respecter l’obligation légale qui lui est faite de rembourser « au plus tard dans les 14 jours » ses clients en cas d’absence de livraison (article L. 216-3 du code de la consommation) ou en cas de rétractation (article L. 221-24). Il lui est également rappelé qu’en cas de non-respect de ces délais, elle s’expose à une majoration des remboursements (1) voire à une amende administrative pouvant aller jusqu’à 75 000 euros (article L. 242-13).

Sans précision d’Oscaro sous 15 jours sur les mesures concrètes qu’elle entend prendre pour résoudre ces litiges et améliorer réellement le service aux clients, l’UFC-Que Choisir ne manquera pas d’alerter la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Bien sûr, elle se réserve aussi le droit de prendre des mesures plus coercitives pour qu’enfin Oscaro.com respecte ses clients.

(1) +10 % si le remboursement intervient dans les 30 jours suivant les 14 jours prévus, +20 % jusqu’à 60 jours et +50 % au-delà (article L. 241-4 du code de la consommation.

28 novembre 2018

Transferts d’argent internationaux

Face à la manne des frais cachés, l’UFC-Que Choisir dépose plainte

Alors que la Commission européenne entend imposer en 2019 un strict encadrement des transferts d’argent au sein de l’Union européenne, l’UFC-Que Choisir dénonce le maintien d’une zone de non-droit sur les opérations internationales réalisées en devises étrangères, soit la majorité. Les tarifs de ces prestations y sont en effet nettement supérieurs à la moyenne européenne, du fait d’une concurrence défaillante, ce qui affecte particulièrement les clients les plus vulnérables. En conséquence, l’UFC-Que Choisir dépose plainte contre Western Union et MoneyGram pour pratiques commerciales trompeuses et presse les pouvoirs publics de créer les conditions d’une concurrence salutaire. Dans cette attente, l’association publie une liste de conseils pratiques à l’attention des consommateurs.

 

En 2017, les résidents français ont transféré 19 milliards d’euros à des particuliers installés à l’étranger, le plus souvent à des proches (résidents d’origine étrangère, parents envoyant de l’argent à des enfants étudiant à l’étranger, etc.), dont 10 milliards en dehors de la zone euro. Si les dirigeants du G20 s’étaient engagés en 2009 à réduire de moitié les tarifs de ces opérations à horizon 2030, ils demeurent particulièrement chers. Sans davantage de concurrence, ils pourraient même progresser, pour compenser la baisse des tarifs des opérations réalisées au sein de l’Union européenne prévue l’année prochaine.

Transferts internationaux : des tarifs français supérieurs de 10 à 14 % à la moyenne européenne

Cette situation est d’autant plus préoccupante en France, où les tarifs sont nettement plus élevés que chez nos voisins. C’est le cas autant pour les virements bancaires internationaux (dont le coût en France est 10 % supérieur à la moyenne européenne1) que pour les sociétés de transferts d’argent comme Western Union, MoneyGram ou Ria (+ 14 %). Pour cinq des huit principales destinations d’envoi (Maroc, Algérie, Vietnam, Sénégal, Inde), la France est même la plus chère en Europe. Par exemple, les tarifs moyens d’un transfert de France vers le Maroc ou de France vers le Vietnam sont respectivement 16 % et 25 % supérieurs à la moyenne. Pour l’ensemble de ces prestations, tous canaux et toutes destinations confondues, l’UFC-Que Choisir évalue leur coût moyen à 6,7 % de la somme envoyée, soit 11,40 € pour un envoi de 170 €2 .

110 millions d’euros de frais de change cachés aux consommateurs

Comment s’étonner de tels excès tarifaires, alors que notre étude lève le voile sur l’opacité scandaleuse entretenue par les sociétés de transferts d’argent sur la facturation de frais de change ? Les tests réalisés sur les sites internet des principales sociétés de transferts d’argent montrent que, si elles sont transparentes sur les frais à l’acte, ni Western Union, ni MoneyGram n’informent lisiblement leurs clients de la perception de frais sur le change. Ils représentent pourtant plus d’un quart du coût de l’ensemble des transactions (26 %). Le total des frais de change cachés atteint un montant de 110 millions d’euros en 2017.

Dès lors, on peut s’interroger sur l’intensité concurrentielle réelle du marché français. Alors qu’à l’étranger, plus les volumes échangés entre deux pays sont importants, plus les tarifs sont faibles, ce n’est pas le cas en France. Par exemple, alors que l’Algérie constitue en volume la deuxième destination d’envoi depuis notre pays, les tarifs sont 64 % plus chers que la moyenne des frais de transferts depuis la France. On peut par ailleurs déplorer les difficultés éprouvées par les sociétés de transferts d’argent en ligne, dont les tarifs sont moins chers et les pratiques commerciales plus transparentes, à ouvrir des comptes commerciaux auprès des établissements bancaires.

Populations fragiles : le double-jeu pernicieux de la Banque Postale

A ces dysfonctionnements de marché s’ajoute un matraquage organisé des consommateurs les plus modestes. A cet égard, le double-jeu de la Banque Postale, dans le cadre de son partenariat avec Western Union, interroge. Alors que La Poste dispose de son propre service de transfert proposé à un tarif réduit, la prestation Western Union qu’elle distribue également est systématiquement plus chère que la concurrence. Ainsi un transfert vers la Chine est facturé 26,70 €, un niveau 33 % supérieur à la moyenne du marché et même 125 % plus élevé que cette même prestation réalisée directement auprès de Western Union3. Plus largement, la grille tarifaire de cette offre prévoit, comme pour l’ensemble des sociétés de transfert d’argent, des commissions dégressives selon les montants envoyés, dont la disproportion est édifiante. Pour un transfert d’un montant de 100 €, la prestation coûte 10 % du montant envoyé et jusque 25 % pour une opération de 20 €. Faut-il rappeler que la Banque Postale bénéficie, par ailleurs, de 220 millions d’euros d’aide publique par an au titre de sa mission d’inclusion bancaire auprès des publics fragiles ?

Au regard des nombreux dysfonctionnements du marché des transferts d’argent internationaux, l’UFC-Que Choisir, déterminée à permettre aux consommateurs de réaliser ces opérations dans les meilleures conditions :

– Met à la disposition de tous une liste de conseils pratiques pour aider les consommateurs à déjouer les pièges de ce marché nébuleux ;

– Dépose plainte auprès du procureur de la République contre Western Union et MoneyGram pour pratiques commerciales trompeuses ;

– Appelle les pouvoirs publics à créer les conditions d’une concurrence salutaire sur ce marché, qui nécessite en particulier :

  • L’encadrement de la tarification des opérations de transferts qui couvre également les territoires français qui ne disposent pas de la monnaie unique (Nouvelle-Calédonie, Polynésie Française, Wallis et Futuna) ;
  • L’harmonisation de l’information précontractuelle avant l’initiation d’un transfert d’argent dans laquelle doit figurer le tarif réel du transfert prenant en compte les frais de change appliqués ;
  • L’interdiction des frais facturés aux bénéficiaires de transferts d’argent sur lesquels la concurrence ne peut jouer aisément ;
  • D’imposer aux banques de motiver leur refus d’ouverture de comptes professionnels à des sociétés de transfert agréées par les superviseurs nationaux et européens.

NOTES

1 Moyenne réalisée pour les pays suivants : France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Espagne, Belgique, Pays-Bas, Suède, à partir des données de la base World Remittance Price Index, Banque mondiale, Avril 2018.
2 Moyenne réalisée à partir des données de la base World Remittance Price Index, Banque mondiale, Avril 2018, à partir d’une transaction moyenne de 200 dollars américains, soit environ 170 €uros. Cette méthode est celle utilisée par la Banque mondiale pour réaliser ses propres estimations. Les tarifs indiqués dans ce communiqué le sont pour ce même montant envoyé de 170 €.
3 Estimations effectuées à partir de la base de données Remittance Prices Worldwide de la Banque Mondiale pour le 2ème trimestre 2018.
27 novembre 2018

Agriculture biologique : Le cuivre sur la sellette

L’autorisation européenne du cuivre pour les usages agricoles prend fin le 31 janvier 2019. Et son renouvellement divise les États de l’Union qui peinent à trouver un consensus. Le principal outil de lutte utilisé en agriculture bio contre les maladies pourrait donc voir son utilisation remise en cause au grand dam de la filière. Aujourd’hui se tient la réunion de la dernière chance.

Les idées fausses ont la vie dure. Pour nombre de consommateurs, le bio est synonyme d’absence de traitements. Hélas, il n’en est rien. Et pour cause. Ce mode de culture est autant exposé aux maladies et aux ravageurs que l’agriculture conventionnelle. Seuls les moyens utilisés pour les combattre font la différence. Alors que l’agriculture conventionnelle a recours aux produits de synthèse créés par l’industrie, l’agriculture bio n’utilise que des substances naturelles. Au premier rang de celles-ci figure le cuivre et ses dérivés, comme le sulfate ou l’hydroxyde de cuivre. Naturellement présent dans la croûte terrestre sous forme minérale, à des concentrations relativement importantes, ce métal est connu depuis la haute antiquité, entre autres pour ses propriétés antiseptiques. La « bouillie bordelaise », un mélange de chaux et de sulfate de cuivre, inventée en 1855 par un botaniste bordelais, Alexis Millardet, permet ainsi de protéger efficacement les vignes du mildiou et de l’oïdium. Sous d’autres formes, le cuivre est aussi utilisé comme pesticide dans les cultures maraîchères (pommes de terre, tomates, cucurbitacées…), l’arboriculture, ou même de grandes cultures comme le houblon.

 

LE CUIVRE, NATUREL MAIS PAS SANS RISQUE

Mais « naturel » ne veut pas toujours dire sans risque. Comme il ne pénètre pas dans la plante, le cuivre est vite rincé. Les années de forte pression de l’oïdium ou du mildiou nécessitent donc de nombreux traitements pour protéger les récoltes. Or le cuivre, même s’il s’agit d’un oligoélément, n’est pas biodégradable et s’accumule dans le sol. « Des concentrations excédentaires en cuivre ont des effets néfastes sur la croissance et le développement de la plupart des plantes, sur les communautés microbiennes et la faune des sols », notait en janvier dernier l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), dans une expertise scientifique collective intitulée : « Peut-on se passer du cuivre en protection des cultures biologiques ? ». Le sujet est d’une actualité brûlante : depuis 2015, le cuivre et ses composés sont inscrits sur la liste des « candidats à la substitution » ce qui signifie qu’ils sont « particulièrement préoccupants pour la santé publique ou l’environnement »et que des alternatives doivent être trouvées.

Comme tous les produits phytopharmaceutiques, l’homologation du cuivre au niveau européen est soumise à une réévaluation régulière, en l’occurrence tous les 7 ans. L’approbation précédente a pris fin le 31 janvier 2018, mais a été prolongée d’un an, faute de consensus entre les États membres. La nouvelle échéance est fixée au 31 janvier prochain. Il y a donc urgence à trouver une position commune. Pour trancher ce dossier épineux, la Commission européenne a demandé à l’Efsa, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, de dresser un état des lieux des connaissances scientifiques en matière d’éventuels problèmes de santé, d’écotoxicité et de comportement de la substance active « cuivre » dans le sol.

Finalisé en décembre 2017, le rapport de l’Efsa est une synthèse des travaux de l’Anses et de l’UBA, les agences scientifiques de deux États membres rapporteurs sur cette question, respectivement la France et l’Allemagne. Basées sur l’évaluation des traitements à base de cuivre (hydroxyde de cuivre, sulfate de cuivre, bouillie bordelaise…) appliqués à la vigne, aux cultures de tomates et de cucurbitacées, ces études mettent en évidence les effets phytotoxiques du cuivre pour l’environnement, la faune aquatique, les mammifères et la vie des sols, dès lors que leur capacité d’absorption est dépassée. L’Efsa pointe aussi les risques sanitaires courus par les agriculteurs. Une surexposition chronique pouvant entraîner des accumulations dans le foie et les reins, ainsi que des irritations oculaires, l’agence recommande aux opérateurs et à ceux qui travaillent dans des champs déjà traités de porter des équipements de protection. Mais de nombreuses questions sont restées sans réponse, faute de données disponibles, notamment sur les risques pour les abeilles. Plus inquiétant encore, « l’évaluation des risques pour les consommateurs n’a pas pu être finalisée étant donné que les essais de résidus dans le cadre des bonnes pratiques agricoles (BPA) sur les raisins, les tomates, les cucurbitacées à peau comestible et les cucurbitacées à peau non comestibles étaient manquants », note le rapport.  Des lacunes d’autant plus regrettables que le cuivre est le pesticide le plus souvent retrouvé dans les aliments bio.

Malgré ces incertitudes, la Commission européenne a proposé en mai dernier une nouvelle autorisation du cuivre, avec cependant une restriction de taille : la limitation des doses maximales à 4 kilos par an et par hectare, sans lissage, autrement dit, sans la possibilité de compenser les dépassements ponctuels en cas de pression sanitaire, par une réduction des traitements les années suivantes. Une proposition qui n’a pas manqué de susciter une levée de boucliers des organismes professionnels de l’agriculture biologique. Actuellement, le cuivre est autorisé dans les cahiers des charges bio à hauteur de 6 kilos par hectare et par an, lissables sur 5 ans. « En l’état actuel, la réduction des doses ne sera pas tenable sur une partie du territoire français, notamment sur la façade atlantique, dans la zone septentrionale de la Champagne où la pression du mildiou est  forte en moyenne 3 années sur 10, s’alarme Jacques Carroget, vigneron bio en Pays de Loire et secrétaire national viticulture de la Fnab (Fédération nationale de l’agriculture biologique). Sans cuivre ou avec des quantités insuffisantes, nous verrions des viticulteurs bio dans l’incapacité d’y rester, et des viticulteurs qui souhaiteraient passer en bio y renoncer en totale incohérence avec les objectifs du plan Ambition bio 2022 ».

 

PAS D’ALTERNATIVES À L’HEURE ACTUELLE

La filière est donc loin d’être convaincue par le sombre tableau dressé par les autorités sanitaires. « Le problème de ces études, c’est qu’elles utilisent pour un minéral naturel, présent partout sur terre, la même méthodologie que pour des molécules chimiques, artificiellement créées par l’homme », critique Jacques Carroget. Son organisation demande donc une analyse de l’impact des usages actuels du cuivre sur l’environnement avec une méthodologie adaptée, ainsi qu’une étude de toxicité comparée entre le cuivre et les produits qu’il remplace lors de la conversion en agriculture biologique.

Pour autant, les agriculteurs bio sont bien conscients que la restriction de l’utilisation du cuivre est inéluctable. Fini le temps où les vignerons répandaient des doses de 15 à 20 kg de cuivre par hectare sur leurs vignes, dont 90 % partaient dans la terre et rendaient les sols stériles. Depuis 2002, les doses maximales recommandées oscillent entre 3 et 5 kg/ha/an. Mais en l’état actuel, il n’existe aucun produit de remplacement à 100 %. « On a des solutions partielles, qu’il faudrait arriver à mettre bout à bout », constate Marc Chovelon, de l’Institut technique de l’agriculture biologique (Itab). Parmi elles, la génétique, et notamment la recherche de variétés résistantes tient une place importante. Mais assurer leur viabilité demande du temps. En attendant, nombre de techniques permettent de diminuer les doses de cuivre pulvérisées, des huiles essentielles aux tisanes ayant une action cryptogamique, en passant par la stimulation des défenses naturelles de la plante. Mais l’efficacité de ces méthodes alternatives reste limitée. Impossible, pour le moment, de se passer du cuivre.

Sensible à ces arguments, la France est montée au créneau et a demandé à la Commission européenne d’autoriser, dans le cas des cultures pérennes (vignes, arbres fruitiers), un dépassement limité de la dose maximale de 4 kg, dès lors que l’apport total ne dépasserait pas la quantité maximale fixée sur une période de 7 ans. Une proposition entérinée par la Commission européenne mais qui se heurte à l’intransigeance des pays du nord, Danemark et Pays-Bas en tête, qui ont interdit le cuivre en usage phytosanitaire. Le 23 octobre dernier, le comité d’experts européens chargés du dossier de réapprobation du cuivre s’est conclu par une « non-décision » ! Une réunion de la dernière chance se déroule ce 27 novembre à Bruxelles. Les débats promettent d’être agités.

27 novembre 2018

Transition énergétique et programmation pluriannuelle de l’énergie

Les mots du Président ne répondent pas aux maux actuels

Le Président de la République vient d’annoncer les grandes lignes de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui fixe la stratégie française en matière d’énergie jusqu’en 2023, ainsi que des mesures en direction des ménages pour « rendre acceptable et démocratique » la transition énergétique. L’UFC-Que Choisir regrette que ces mesures d’accompagnement annoncées bien tardivement laissent encore une partie des consommateurs sur le bord de la route, et déplore le manque d’ambition de la PPE qui reste encore trop tournée vers la production d’énergie, sans que soit réellement posée la question de la maîtrise de la consommation, pourtant seule à même de répondre aux enjeux environnementaux et de maintien du pouvoir d’achat des ménages.

 

Programmation pluriannuelle de l’énergie : la charrue avant les bœufs ?

La vétusté énergétique des logements résidentiels (84 % sont en dessous de la classe énergétique D), couplée à l’utilisation massive du chauffage électrique, font de la France la championne d’Europe des pics de consommation électrique1, nous obligeant à maintenir des moyens de production disproportionnés (130 GW de puissance installée en 2017) et coûteux, dont certains ne fonctionnent que très rarement. C’est ainsi que sur les 7 dernières années, la consommation n’a dépassé 90 GW que 30 jours.

Dès lors, il est navrant de constater que les grandes annonces relatives à la PPE portent essentiellement sur le mix énergétique sans chercher au préalable à réduire efficacement la consommation d’électricité. Comment se satisfaire en effet du retour des mesures inopérantes, comme le crédit d’impôt sur les fenêtres, alors que seulement 86 000 logements par an ont été rénovés de manière efficace entre 2014 et 20162 ?

Le Président n’entend pas lutter contre une politique de subventions trop complexe et tournée vers une rénovation par équipements, et non vers une approche globale plus efficiente en termes environnementaux et économiques pour les consommateurs. En mettant ainsi la charrue de la production avant les bœufs de la consommation, le gouvernement rate donc une occasion de réduire durablement la dépendance des consommateurs à l’énergie et soutenir le pouvoir d’achat.

Taxes modulables : une réponse à l’urgence qui ne règle rien pour demain

Si l’annonce d’une possible révision trimestrielle des taxes en fonction des prix du baril de pétrole s’avère une réponse nécessaire face aux variations trop rapides, au gré de la situation géopolitique, du baril de pétrole (+ 56 % entre 2016 et 2018), elle demeure néanmoins une solution de court terme face à la hausse généralisée des prix de l’énergie. Le gouvernement doit surtout soutenir, au niveau européen, un objectif ambitieux de baisse des émissions de carbone de l’automobile, afin que les constructeurs proposent enfin une offre diversifiée de véhicules moins énergivores, et au niveau national, un plan audacieux de rénovation des logements afin de libérer les consommateurs de la captivité à l’énergie fossile.

Face à la taxe carbone, un accompagnement de tous les consommateurs est indispensable

La taxe carbone demeure profondément inégalitaire car elle fait dépendre le niveau de prélèvement non pas de la capacité contributive des ménages mais de leur niveau de consommation d’énergie fossile. Or, que l’on considère les ruraux ou périurbains, fortement dépendants de l’automobile, ou encore les locataires et les ménages précaires, qui ne peuvent pas améliorer l’efficacité énergétique de leur logement souvent énergivore, tous sont captifs de l’énergie et, sans accompagnement, sont condamnés à subir la hausse des prix. La concertation annoncée dans la précipitation par le Président, aux contours flous, permettra-t-elle de tenir enfin compte des propositions de la société civile ? Après l’échec des Etats Généraux de l’Alimentation, l’UFC-Que Choisir refuse une simple opération de communication qui exacerberait encore le désarroi et la colère des consommateurs. Il y a surtout urgence à redistribuer une plus grande part du produit de la fiscalité écologique non seulement pour compenser la hausse de facture pour les plus modestes, mais surtout pour réduire durablement la consommation d’énergie de tous.

Décidée à obtenir des mesures concrètes pour répondre aux maux d’aujourd’hui et de demain des consommateurs, l’UFC-Que Choisir appelle le gouvernement à

• Utiliser l’essentiel de la fiscalité environnementale pour aider les consommateurs à réduire leur captivité aux énergies fossiles ;

• Instaurer une obligation de résultat lors de travaux de rénovation énergétique, que les consommateurs pourront invoquer dès lors que les allégations de performance énergétique faites par les professionnels n’auraient pas été atteintes ;

• Inciter les constructeurs à développer leur gamme de voitures à faibles émissions, en soutenant au niveau européen un objectif ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre à moyen et long terme ;

• Développer l’offre de transports alternatifs à l’automobile et sa qualité.

NOTES

1 Source RTE. Entre septembre et janvier la consommation du secteur résidentiel est multipliée par plus de deux à cause du chauffage électrique : http://bilan-electrique-2016.rte-france.com/consommation/14-2/#
 2 https://www.ademe.fr/travaux-renovation-energetique-maisons-individuelles-enquete-tremi

 

27 novembre 2018

Cosmétiques faits maison Aroma-Zone : Des prix en trompe-l’oeil

Aroma-Zone, le leader de la cosmétique faite maison, propose sur son site plusieurs centaines d’ingrédients et plus de deux mille recettes à faire soi-même à partir de ces derniers. Chacune affiche un prix dont la modicité a de quoi convaincre les indécises de passer au « do it yourself » (DIY). Mais nos propres calculs invitent à relativiser.

Le prix modique, c’est une des raisons qu’invoquent les consommatrices lorsqu’elles se lancent dans la cosmétique faite maison. Anne Vausselin, la cofondatrice d’Aroma-Zone, le poids lourd du secteur qui revendique un fichier d’un million de clientes, le confirme : « Elles savent que nous pratiquons des prix justes qui ne servent ni à payer des campagnes de publicité, ni à rémunérer les actionnaires puisque notre entreprise est familiale. »

« Prix justes », façon de parler. Pour donner des idées sur la manière d’utiliser les matières premières vendues sur son site, Aroma-Zone propose plus de 2 000 recettes. Du savon au mascara en passant par le gel coiffant ou le contour des yeux, tout le rayon hygiène-beauté est représenté. Pour chaque recette est indiqué un prix. Interrogée sur le mode de calcul de ce dernier, Anne Vausselin nous a expliqué qu’il s’agissait d’une simple règle de trois : s’il faut 10 cl d’une huile qui coûte 50 € le litre, on compte 5 € et ainsi de suite pour les autres ingrédients de la préparation. Problème, les calculs que nous avons faits sur les recettes que nous avons testées n’aboutissent pas du tout aux mêmes montants que ceux indiqués sur le site. Ces derniers sont toujours sous-évalués.

D’abord, ils ne tiennent pas compte du fait que, pour faire ses cosmétiques soi-même, il faut acheter un minimum de matériel : balance de précision, fouet, spatule, etc. Pour préparer les six recettes testées, nous avons dû dépenser 23,95 € pour les ustensiles, encore est-ce un minimum. Il faut aussi compter avec les contenants : 0,6 à 1,5 € pour chacune de nos 6 recettes. Optez pour un pot ou un flacon en verre et il vous en coûtera 1,30 à 1,50 € pour seulement 30 ml. Mais même si on estime que la consommatrice dispose déjà de tout le matériel nécessaire, les prix affichés sur le site d’Aroma-Zone ne reflètent pas la réalité. Les ingrédients qu’il faut acheter sont souvent nombreux, du fait de recettes « à rallonge » incluant bon nombre d’huiles essentielles et autres colorants pas indispensables. Mais surtout, on ne les épuise pas tous en même temps. Pour continuer à fabriquer la même recette, on est sans cesse obligé de racheter un flacon de tel ou tel ingrédient et on n’en finit jamais.

Pour évaluer plus justement le coût de chaque recette, nous avons procédé à deux calculs. Le premier, pour une première préparation : il faut alors acheter l’ensemble des ingrédients. Le second pour dix préparations. Il n’est égal au dixième du premier que dans un cas, celui du dentifrice, où l’ingrédient qui s’épuise en premier est fourni en quantité suffisante pour réaliser 10 recettes. Dans les autres cas, il faut racheter des ingrédients en cours de route. Notre tableau parle de lui-même : les prix des recettes Aroma-Zone sont loin d’être aussi intéressants que ce que le site prétend. Et les prix au litre sont souvent beaucoup plus élevés que ceux des concurrents choisis pour notre test.

Or notre mode de calcul n’est pas exagérément rigoureux avec le distributeur. D’abord, parce que nos prix s’entendent hors matériel. Ensuite, parce que lorsque plusieurs contenances de matières premières sont proposées, nous avons systématiquement choisi la plus économique. Enfin, parce que calculer le prix de dix préparations suppose que la consommatrice ne se lassera entre-temps ni de fabriquer ses propres cosmétiques, ni de la recette en question. Plutôt optimiste, donc !

tableau-cosmetiques-faits-maison
23 novembre 2018

Substances toxiques dans les produits : Exigez l’information

Peu de gens le savent, pourtant tous les consommateurs ont le droit de savoir si les articles qu’ils achètent contiennent des substances chimiques toxiques pour la santé. Que Choisir a fait la démarche… les résultats ne sont pas brillants !

« Sur demande d’un client, tout fournisseur d’un article contenant une substance identifiée comme extrêmement préoccupante doit lui fournir des informations contenant, au moins, le nom de la substance », stipule le règlement européen Reach qui vise une utilisation plus sûre des produits chimiques. Il ajoute même que ces informations doivent être fournies gratuitement dans les 45 jours. Cette obligation concerne les fabricants, les importateurs et les distributeurs. Voilà qui est clair.

À Que Choisir, nous avons donc joué au consommateur inquiet pour sa santé et celle de ses enfants. Après avoir acheté près de 40 articles très divers dans différents lieux de vente, nous avons interrogé des enseignes et des fabricants.

Nos résultats sont effarants, avec 70 % d’échec. La plupart des distributeurs ne répondent pas, ou à côté de la plaque. Pire encore, seul Maisons du Monde a informé de la présence d’une substance extrêmement préoccupante dans une housse de coussin alors que nos analyses effectuées en laboratoire ont prouvé que 7 autres produits achetés chez Monoprix, Toys R Us, Intermarché, U, Brico Dépôt, Conforama et sur Amazon contenaient au moins une substance chimique identifiée comme extrêmement préoccupante.

Bien que le règlement européen Reach soit entré en vigueur il y a 10 ans, le droit de savoir qu’il garantit aux consommateurs est toujours autant piétiné par les professionnels.

Pour que ça change, Que Choisir appelle chacun à exercer son droit à l’information auprès des fabricants et des enseignes. C’est le seul moyen de leur faire prendre conscience de leurs obligations, et surtout du refus des consommateurs de rester exposés à des substances toxiques.

COMMENT EXERCER SON DROIT À L’INFORMATION (RÈGLEMENT REACH) ?

Faites votre demande par écrit, mail ou courrier (notre lettre type), pour que le service clients puisse la transmettre au service compétent.

Signalez que vous vous appuyez sur la réglementation Reach et sur sa liste des SVHC (pour Substances of Very High Concern, substances extrêmement préoccupantes).

Indiquez au professionnel que si l’article en contient, il doit vous donner le nom des substances extrêmement préoccupantes présentes à plus de 0,1 % si elles figurent sur cette liste.

PENSEZ À JOINDRE LES RÉFÉRENCES PRÉCISES DU PRODUIT

Sachez enfin que le règlement Reach s’est contenté du service minimum. Le fabricant ou l’enseigne qui ne répond pas ou répond mal n’encourt aucune sanction financière ! Les consommateurs disposent heureusement d’une autre arme. Faire de la publicité à tous leurs refus de répondre, tant dans son entourage que sur les réseaux sociaux peut être efficace. S’attaquer à leur image de marque devrait les inciter à respecter le droit à l’information des consommateurs et à supprimer les substances toxiques de leurs formulations.

Surtout ne vous contentez pas de la réponse que nous avons souvent reçue, à savoir que le produit est conforme à la réglementation. Les substances extrêmement préoccupantes qui figurent sur la liste Reach n’étant pas interdites, il peut très bien être conforme et en contenir !

22 novembre 2018

Black Friday 2018 : La foire aux fausses promos !

Le Black Friday n’a pas officiellement commencé que déjà les fausses promotions pleuvent. Il nous a suffi de passer quelques minutes en début de semaine sur les principaux sites marchands pour dénicher une multitude de fausses bonnes affaires. Voici quelques exemples de celles que nous avons repérées et nos conseils pour les éviter.

Publicités dans les médias, affichages dans la rue, distributions de prospectus, newsletters dédiées… les marchands ont mis les bouchées doubles pour inciter les consommateurs à craquer pour les promotions qu’ils leur proposent à l’occasion de ce Black Friday 2018. Malheureusement, beaucoup de ces rabais sont loin d’être aussi intéressants qu’ils n’y paraissent. Non seulement les marchands ont toujours tendance à appliquer des ristournes sur les produits les moins en vue ou à afficher des « jusqu’à -50 % » alors que cette réduction ne concerne qu’une toute petite partie des produits. Mais surtout, ils continuent, pour afficher les rabais les plus importants possibles, à s’appuyer sur des prix d’origine élevés qui ne correspondent pas à la réalité. Si la pratique n’est pas neuve (nous l’avions déjà constaté à l’occasion des soldes de janvier ou de la Coupe du monde de football), elle n’en reste pas moins choquante. Voici 4 exemples parmi d’autres relevés en début de semaine chez plusieurs marchands en ligne.

RUEDUCOMMERCE.FR

Black Friday - Exemple Rue du commerce

À l’occasion du Black Friday, le site marchand du groupe Carrefour a décidé de baisser de moitié le prix de son extracteur de jus Moulinex. Sauf que le prix barré (169,90 €) est en réalité un « prix conseillé » qui n’a été appliqué ni par Rueducommerce ni par aucun autre site depuis longtemps. Le mois précédant la promotion, l’extracteur était vendu 130,98 € chez Darty et La Redoute, 129 € chez Auchan et même 123 € chez Cdiscount et Mistergooddeal, soit un rabais de seulement 28 %. Le jour de notre relevé, Darty venait lui aussi de baisser son prix de vente à 84,90 €. Mais contrairement à Rueducommerce, il indiquait un prix de référence de 130,98 € et une réduction de 35 % plus proches de la réalité.

DARTY.COM

Black Friday - Exemple Darty

349 € au lieu de 599 € pour ce four encastrable vendu par Darty. En plus, selon une mention présente sur le site, le prix d’origine correspondrait au « prix le plus bas pratiqué sur Darty.com au cours des 15 jours précédant l’opération ». Sauf que cette mention est fausse. Si Darty a bien appliqué ce prix, c’était un mois avant et seulement pendant 2 jours (les 20 et 21 octobre). Le lendemain, son prix est revenu à ce qu’il était avant, soit 372,07 €. Il est ensuite passé à 361,73 € le 6 novembre pour atteindre 349 € lundi dernier. Or, ce jour-là, le même four était vendu 345,63 € sur Rueducommerce. Une bonne affaire, vraiment ?

CDISCOUNT

Black Friday - Exemple Cdiscount

Chez Cdiscount non plus on ne lésine pas sur les rabais à l’occasion du Black Friday, à l’image de celui appliqué à ce lave-vaisselle Whirlpool, vendu « 319,99 € au lieu de 549 € ». Mais là encore, le prix d’origine ne correspond en rien à la réalité. De l’aveu même du marchand, il s’agirait du « prix conseillé par le fabricant en juillet 2016 », soit 2 ans auparavant ! Forcément, depuis le temps, plus aucun marchand ne le commercialise à ce prix. Cdiscount lui-même le vendait 319 € durant tout le mois précédant le Black Friday, soit une réduction réelle de 0 € ! Il l’avait même vendu encore moins cher (299,99 €) à l’occasion du Black Friday 2017.

AMAZON

Black Friday - Exemple Amazon

240 € d’économie, soit 60 % de rabais sur un rasoir électrique Philips. Qui dit mieux ? Sauf qu’Amazon a beau affirmer que le prix d’origine de 399,99 € est un « prix de vente conseillé par le fabricant » dont il « valide la pertinence sur une base trimestrielle », dans la réalité, Amazon est le seul depuis plusieurs mois à vendre ce rasoir. Et s’il l’a bien vendu 399,99 €, c’est en mai dernier, soit il y a 6 mois. Depuis le 20 octobre, Amazon le vendait 184,90 €, soit une réduction réelle de seulement 14 %.

N’ESPÉREZ PAS PLUS DE 10 À 20 % DE VÉRITABLE REMISE

En attendant que les cybermarchands remettent de l’ordre dans leurs promotions, les consommateurs doivent faire preuve de la plus grande vigilance lorsqu’ils se retrouvent face à des offres apparemment alléchantes. Notre expérience montre qu’au-delà de 10 ou 20 % de remise, les offres sont rarement véridiques. Dans tous les cas, mieux vaut, avant d’acheter, prendre le temps de comparer les prix sur différents sites. Et surtout, ne pas se faire trop d’illusions. Les campagnes de promotions servent plus à inciter les consommateurs à acheter qu’à leur faire réaliser de vraies économies.

21 novembre 2018