Comparateur des devis d’opticiens : la justice donne raison à l’UFC-Que Choisir
Le juge vient de débouter le Rassemblement des opticiens de France (Rof), qui demandait en urgence le retrait de l’outil de comparaison des devis optiques publié par l’UFC-Que Choisir. Une victoire pour les consommateurs.
L’ordonnance de référé rendue mardi 6 mars est sans ambiguïté : le Rassemblement des opticiens de France (Rof), qui attaquait l’UFC-Que Choisir en urgence sur son comparateur de devis d’opticiens, a vu toutes ses demandes rejetées par le juge. L’outil d’évaluation des devis optiques, en ligne depuis la mi-janvier, restera donc à la disposition des consommateurs soucieux de situer le prix de leurs verres de lunettes. La décision est, bien entendu, susceptible d’appel.
Dans le détail, le juge a estimé que la mobilisation des données de santé que suppose l’outil (la correction visuelle, le sexe, l’âge, etc.), dans sa conception ou son utilisation, « n’affecte pas la profession de lunetier ». Le Rof, qui s’est précisément donné pour mission de défendre les opticiens, n’a donc aucune légitimité à se porter en justice sur ce motif. En clair, la façon dont sont traitées les données des utilisateurs ne le regarde pas. Et même si c’était le cas, l’ordonnance prend soin de préciser qu’« il n’apparaît pas que ces données soient fausses » et qu’« il n’apparaît pas que les données et les renseignements fournis par ce comparateur ainsi que leur utilisation constituent par eux-mêmes un trouble manifestement illicite. » Le dénigrement de la profession allégué par le Rof n’est pas non plus constitué aux yeux du juge, dans la mesure où le comparateur n’a d’autre prétention que de renseigner sur une fourchette de prix. Quant à la pratique commerciale trompeuse, à supposer qu’elle existe et c’est loin d’être prouvé, elle concerne là encore exclusivement les consommateurs. Le Rof n’est pas fondé à la dénoncer en justice.
Autre enquête, mêmes constats
Avec cette décision, l’UFC-Que Choisir voit confortée sa mission d’information des consommateurs. Face à l’obstination des professionnels de l’optique d’entraver la transparence sur les prix, il est plus que jamais nécessaire de porter le combat. Des variations considérables et difficilement justifiables sont systématiquement constatées. Les consommateurs doivent en être conscients, et faire jouer la concurrence s’ils le souhaitent. Une enquête réalisée récemment montre une fois encore l’ampleur des enjeux. En visitant 61 enseignes d’optique dans 10 villes, et sur la base des 92 devis recueillis, nous avons enregistré des écarts considérables. Pour une même ordonnance de verres progressifs, les tarifs proposés spontanément par les opticiens pouvaient varier du simple au double, voire au triple, dans un cas. La différence était moins scandaleuse pour les verres unifocaux, mais sensible tout de même. Les opticiens, prompts, face à la critique, à mettre en avant leur souci des consommateurs peu argentés, proposent de fait rarement leur offre de base. Quant aux devis, si la marque des verres était en général renseignée, ce n’était jamais le cas de la génération de verre pour les progressifs.
Il est temps que les devis standardisés, prévus dans un an, entrent dans les mœurs !