Médicament. Pénurie de cortisone
Depuis début mai, médecins et malades sont confrontés à une pénurie de dérivés de cortisone en comprimés, mais aussi sous forme injectable. Des médicaments indispensables pour de nombreuses pathologies.
La démarche est pour le moins inhabituelle : des médecins viennent de lancer une pétition pour réclamer… le retour de la cortisone dans les pharmacies ! Il faut dire que la pénurie se fait sentir. Depuis plusieurs semaines, la disponibilité des principaux dérivés de la cortisone en comprimés, la prednisolone (Cortancyl et génériques) et la prednisone (Solupred et génériques), est au plus bas, dans la plupart de leurs dosages. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), qui assure que la rupture de stock à court terme est évitée, tient un tableau des stocks. Concrètement, selon les pharmacies, les malades peuvent avoir des difficultés à trouver leurs médicaments, et doivent dans certains cas se retourner vers leur médecin afin de chercher une alternative.
Pour continuer à fournir le marché français, les fabricants, tous touchés par des difficultés de production, ont dû s’engager à détourner des stocks initialement destinés à l’étranger. Il existe bien sur le marché d’autres dérivés de la cortisone qui ne sont pas, ou pas encore officiellement signalés comme manquants, comme la bétaméthasone (Célestène) ou la dexaméthasone (Dectancyl), mais un report massif des prescriptions sur ces spécialités risquerait d’étendre encore les tensions d’approvisionnement.
Dans la longue série de pénuries qu’a récemment traversée la France, l’indisponibilité des principaux dérivés de cortisone en comprimés est particulièrement inquiétante. Puissants anti-inflammatoires, ils sont considérés comme des médicaments de première nécessité pour des situations graves, comme les asthmes sévères mal contrôlés, les affections rhumatismales chroniques, la maladie de Crohn, les greffes et même certains cancers. Pour les personnes qui en prennent au long cours, par exemple pour soulager une polyarthrite rhumatoïde, l’interruption du traitement n’est tout simplement pas envisageable, du moins de façon brutale. Non seulement les douleurs risquent de revenir, mais un syndrome de sevrage peut survenir.
Du côté des formes injectables, utilisées pour les infiltrations en rhumatologie, la situation est également difficile, même si les enjeux de santé sont moindres. « Il n’y a plus beaucoup de possibilités, souligne le Dr Labatide, rhumatologue. Le Diprostène, principal produit depuis la disparition de l’Altim, est en rupture jusqu’en janvier 2020. On peut se reporter sur le Kénacort, mais il ne sera plus fabriqué à partir de juillet. Reste le Célestène, mais comme il est en tension d’approvisionnement jusqu’en 2020, son usage est réservé à l’hôpital. »