Faillites dans l’aérien. Au tour de XL Airways et d’Adria Airways
Placée en redressement judiciaire depuis le 23 septembre, la compagnie aérienne XL Airways a interrompu ses vols à compter de ce lundi 30 septembre. Le même jour, la compagnie slovène Adria Airways a annoncé son dépôt de bilan.
L’hécatombe se poursuit dans le secteur du transport aérien. Quelques semaines à peine après le placement en liquidation judiciaire d’Aigle Azur, qui a définitivement cessé son activité le vendredi 27 septembre, deux autres compagnies ont cessé leurs opérations ce lundi : la française XL Airways et l’unique compagnie slovène, Adria Airways.
REDRESSEMENT JUDICIAIRE POUR XL AIRWAYS
XL Airways, placée en redressement judiciaire la semaine dernière, a annoncé dans un communiqué qu’elle interrompait ses vols à 15 h le 30 septembre, « dans l’attente d’une décision du tribunal de commerce de Bobigny, mercredi 2 octobre ». « Force est de constater que les conditions actuelles du marché ne sont plus réunies pour assurer une exploitation pérenne de l’entreprise », regrette la compagnie.
Quelques heures après cette annonce, deux compagnies ont annoncé venir en aide aux passagers de XL Airways bloqués à l’étranger. Air Austral a mis en place une tarification spéciale sur les lignes Paris-Marseille-La Réunion, vendues à partir de 349 € l’aller simple sur présentation d’un justificatif. La compagnie Corsair propose, de son côté, des tarifs préférentiels à partir de 249 € l’aller simple pour Paris, au départ de La Réunion. Des tarifs réduits sont aussi proposés par Corsair dans le sens Paris-La Réunion, mais la compagnie prévient que les disponibilités sont rares sur les deux prochaines semaines.
ADRIA AIRWAYS DÉPOSE LE BILAN
Adria Airways, de son côté, a déposé lundi une demande d’ouverture de procédure de faillite auprès du tribunal de commerce de Kranj, en Slovénie, qui a trois jours pour statuer, selon un communiqué mis en ligne sur le site de la compagnie aérienne. À cours de liquidités, l’unique compagnie de Slovénie, qui proposait des vols au départ de Paris et de Toulon, avait cessé ses vols depuis la semaine dernière.
Ces faillites ne sont que le prolongement d’une longue liste dans l’aérien : avant Aigle Azur, l’allemande Germania et l’islandaise Wow Air ont périclité en 2019. Si les causes des défaillances sont multiples, la concurrence des compagnies low cost (voir notre enquête Les nouveaux horizons du low cost) en fait partie. Dans son communiqué, XL Airways n’hésite pas à dénoncer, sans la nommer, la compagnie Norwegian Air : XL Airways, écrit la compagnie, a connu « un grand succès jusqu’à ce qu’[elle] soit durement attaquée par une concurrence impitoyable ne disposant pas de règles contraignantes du même ordre que les nôtres ». Et de citer « des concurrents étrangers incroyablement déficitaires et soutenus depuis longtemps par leurs États ».
Dimanche, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a annoncé son intention de saisir la Commission européenne concernant les aides publiques dont bénéficie Norwegian Air : « elle casse les prix, elle est endettée, mais elle a un soutien public norvégien, et ça, je ne peux pas l’accepter », a-t-il déclaré lors du « Grand Jury » RTL-LCI-Le Figaro. Le ministre estime que les difficultés financières de XL Airways sont dues « en partie » à cette concurrence.
UN REMBOURSEMENT TRÈS INCERTAIN
Pour les passagers lésés, la sentence est désormais connue et malheureusement toujours aussi peu favorable. Ceux qui ont réservé leur vol dans le cadre d’un voyage à forfait (vol + hôtel) auprès d’un tour-opérateur se verront proposer un vol de remplacement. Quant aux clients ayant acheté un billet directement auprès de la compagnie, ils n’ont quasiment aucune chance de se faire rembourser. En effet, en cas de faillite, une compagnie aérienne ne peut plus disposer de son argent, qui est utilisé pour rembourser les créanciers. Or, les clients ne sont pas prioritaires : l’argent disponible est d’abord réquisitionné pour rembourser les services fiscaux, les salariés ou les banques…
Dans ce contexte, les dossiers ouverts auprès de notre service Indemnit’Air, lancé dans le but d’aider les passagers aériens victimes de surbooking, de vol retardé ou d’avion annulé à obtenir simplement l’indemnisation qui leur est due, n’ayant plus de chance d’aboutir, seront clos.
Les passagers des vols annulés peuvent tenter de se rapprocher de leur assurance dans le cadre des paiements par carte bancaire. Pour rappel, les assurances annulation vendues par les compagnies au moment d’acheter un billet couvrent le passager (en cas de maladie, de licenciement…) et non la compagnie, elles ne permettent donc pas de se faire rembourser en cas de faillite.