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Alimentation

Sachets de thé. Infusions aux microplastiques et nanoparticules

Le thé chaud pourrait contenir des micro et des nanoparticules de plastique selon les travaux de chercheurs de l’université McGill à Montréal. Le sachet en plastique serait le coupable, selon leurs résultats.

 

La réduction des plastiques à usage unique est devenue un véritable enjeu de société. Tandis que citoyens et gouvernements s’éveillent à l’idée de combattre le gaspillage et la pollution que peuvent représenter des objets comme les gobelets et les touillettes en plastique (en voie d’interdiction en France), les industriels sont parfois bien loin de ces considérations. À l’image de certains fabricants de thé, seconde boisson la plus consommée au monde, qui ont délaissé le papier filtre au profit du nylon pour leurs sachets de thé individuels au motif notamment d’une meilleure diffusion des arômes et pour limiter le léger goût de papier que pourraient dégager les sachets en papier. Il s’agit généralement de sachets de forme pyramidale, d’un blanc légèrement brillant.

Mais il semblerait qu’il n’y ait pas que les arômes qui se diffusent dans nos tasses d’eau chaude, selon l’étude publiée dans la revue scientifique Environmental Science & Technology. L’équipe de chimistes canadiens a testé 4 thés commerciaux emballés dans de tels sachets (sans dévoiler les marques) dont 2 en nylon et 2 en polymère (plastique PET).

Après en avoir retiré les feuilles de thé, ils ont trempé les sachets vides dans l’eau chaude à 95 °C durant 5 minutes pour simuler l’infusion. L’eau était purifiée pour éviter de quantifier d’éventuels nano et microplastiques déjà présents dans l’eau. Rappelons en effet que de précédentes études avaient déjà pointé de possibles migrations via l’eau embouteillée.

Résultat, le nombre de particules relarguées est de l’ordre de 11,6 milliards de microplastiques et 3,1 milliards de nanoplastiques dans l’eau dont près de 20 % de nanoparticules de diamètre inférieur à 100 nanomètres. Un niveau surprenant selon la principale auteure de l’étude, Nathalie Tufenkji, qui déclarait dans le journal canadien l’Actualité : « On a été surpris. On s’attendait à des centaines ou des milliers de particules, mais pas à des milliards. »

Pour rappel, les connaissances sur l’impact des nanoparticules sur la santé humaine et l’environnement sont encore très partielles et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) appelait fin août à mener une évaluation approfondie des microplastiques et de leurs conséquences potentielles sur la santé humaine.

Notons enfin que les chercheurs ont identifié un clair effet de la température : manipulé dans les mêmes conditions mais à température ambiante (22 °C), un sachet libère environ 300 fois moins de particules.

Dans l’attente d’études plus approfondies, on regardera son sachet de thé de plus près, quitte à ressortir la bonne vieille boule à thé.