Smartphones. Ils génèrent trop d’ondes !
L’Agence nationale des fréquences épingle régulièrement des smartphones pour la puissance excessive des ondes qu’ils émettent. Certains ont même été interdits.
Les écoliers n’aiment pas les contrôles surprises. Les fabricants de smartphones non plus ! Chaque année, l’Agence nationale des fréquences (ANFR) vérifie aléatoirement le DAS (débit d’absorption spécifique) de dizaines de mobiles commercialisés en France. Et depuis deux ans, elle prend régulièrement des marques en faute pour les excès de certains de leurs modèles. Leur leçon est pourtant plus simple que la poussée d’Archimède. Elle s’énonce ainsi : en Europe, le DAS d’un smartphone ne doit pas dépasser 2 W/kg. Plus qu’un cours de physique, c’est même une leçon d’histoire puisqu’elle n’a pas changé depuis… 1998 (lire encadré). Ce DAS représente le niveau des radiofréquences émises par le téléphone portable vers l’utilisateur lorsque l’appareil fonctionne à pleine puissance. Sans alimenter le débat qui divise pro et anti-ondes, on préfère, à choisir, que la réglementation soit respectée.
Parmi les constructeurs épinglés figurent des acteurs confidentiels, tels Echo ou Logicom, mais aussi des entreprises connues comme Alcatel, Huawei, Nokia, Wiko ou Xiaomi. Ainsi, début 2017, l’Alcatel Pixi 4 fraudait, de peu, à 2,04 W/kg. En juillet 2018, le Xiaomi Mi Mix 2S franchissait la ligne avec 2,94 W/kg. Et, en février dernier, le Nokia 6.1 était flashé à 3,58 W/kg (lire « DAS tronc » dans l’encadré). Pas de marge de tolérance à l’ANFR, qui met chaque fois en demeure les fabricants de conformer leurs produits.
RETRAIT VOLONTAIRE OU FORCÉ
Une mise à jour logicielle suffit à régler le problème, et la plupart des marques réagissent vite. Certaines préfèrent retirer l’appareil incriminé du marché (ce fut le cas du Neffos X1 TP902 importé par TP-Link France). D’autres font la sourde oreille. En juillet dernier, faute de réponse de la part des constructeurs concernés, l’ANFR a interdit la vente des Leagoo S8 et Allview X4 Soul Mini S (avec, respectivement, un DAS de 2,39 W/kg et 4,6 W/kg). Pas une grande perte pour les consommateurs…
QU’EST-CE QUE LE DAS ?
Le DAS, ou débit d’absorption spécifique, mesure le niveau des radiofréquences émises par le smartphone vers l’utilisateur lorsque l’appareil fonctionne à pleine puissance. Les limites autorisées ont été fixées en ne tenant compte que des effets avérés de l’exposition aux ondes, comme l’échauffement des tissus du corps humain. Elles n’ont pas été révisées depuis 1998. La méthodologie définie pour mesurer le DAS est sévère. Le smartphone doit émettre à sa puissance maximale, de manière continue, durant six minutes. Mais, dans la réalité, il n’émet ainsi que lorsqu’il a du mal à trouver du réseau. De plus, d’après l’ANFR, le téléphone n’émet que la moitié du temps lors des appels et seulement 10 % du temps au cours d’un usage data (vidéo, navigation Internet).
Les trois types de DAS
1. DAS tête
Limite : 2 W/kg
Il reflète l’usage du téléphone à l’oreille, en conversation vocale. Cette valeur DAS doit être mentionnée dans le manuel du smartphone et toutes les publicités.
2. DAS tronc
Limite : 2 W/kg
Il représente les émissions du téléphone porté près du tronc, dans une poche de veste ou un sac. Les constructeurs doivent démontrer qu’ils respectent la limite. En 2016, la loi s’est durcie : le DAS est mesuré avec le smartphone situé à 5 mm au maximum de l’utilisateur, contre 25 mm auparavant.
3. DAS membre
Limite : 4 W/kg
Il correspond à l’émission du smartphone plaqué contre un membre (tenu en main ou glissé dans la poche de pantalon).
Puissance excessive des ondes : modèles concernés (depuis 2017)
Alcatel Pixi 4, Archos Access 50, Echo Star Plus, Hisense F23, Huawei Honor 8, Logicom M Bot 60, Nokia 6.1, Nokia 5, Nokia 3, Wiko View, Wiko Tommy 2 Bouygues Telecom, Xiaomi Mi Mix 2S, Xiaomi Redmi Note 5.
Lors de nos tests de smartphones, nous indiquons systématiquement dans les caractéristiques des appareils leur valeur DAS.