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Loisirs / Tourisme

Concerts, festivals, événements sportifs… Le racket des billetteries de revente

Concerts, festivals, grands événements sportifs…, des vendeurs non agréés sévissent derrière des sites de revente ou d’intermédiaires. Ou comment payer au prix fort sans aucune garantie d’être bien placé et avec le risque d’être refoulé à l’entrée.

 

Revendre et surtout racheter des e-billets avec Viagogo, mais aussi Ticketbis, parfois plus du double de leur vraie valeur, c’est possible… Les sites qui vendent en seconde main des billets organisent une sorte de marché parallèle des places de spectacles, voire un véritable marché noir. Ils « aspirent », grâce à des robots, de fausses identités basées dans le monde entier et des batteries de cartes bancaires, des milliers de tickets sur les sites officiels de billetteries dès l’ouverture des ventes, afin de les remettre en vente à des prix gonflés. En prime, ils font main basse sur des quantités de mots-clés (noms d’artistes, de salles, d’événements…) pour se positionner en première place sur les moteurs de recherche, devant les billetteries « classiques ». Sur Viagogo, aucune trace du logo du site. Aucune mention, non plus, du fait qu’il s’agit de billets de seconde main. Seul le nom de l’artiste est mis en avant, donnant un caractère officiel à la pseudo billetterie.

 

UN PIÈGE BIEN FICELÉ !

Vous êtes alors incité à acheter votre billet au plus vite, avec des messages du type « plus que quelques billets restants »« 30 autres personnes regardent cet événement »« achetez avant qu’il ne soit trop tard », etc. Un compte à rebours vrai ou faux destiné à maintenir la pression.

Au moment de régler, outre le prix gonflé des billets, vous devez acquitter des frais de gestion ou de réservation (qui parfois se cumulent), de plusieurs dizaines, voire centaines d’euros. Une TVA aléatoire est ajoutée, bien que celle-ci ait déjà été payée lors de l’achat du billet original ! Quant à la valeur faciale du billet, elle n’apparaît jamais… C’est seulement lorsque vous recevez le e-ticket que vous la découvrirez. Vous vous rendrez alors compte que vous avez payé bien trop cher. Et impossible d’obtenir un remboursement. Pour récupérer votre mise, les sites vous suggèrent juste de le remettre en vente… chez eux. Ce qui, au passage, leur permet d’empocher une nouvelle commission s’il est racheté… Ceux qui décident de garder les billets n’ont, pour leur part, aucune garantie de pouvoir entrer dans le lieu où se déroule le spectacle. Ils peuvent en effet être falsifiés ou vendus plusieurs fois… Dans ce dernier cas, seul le premier spectateur qui fait flasher le code-barres est admis à entrer. Les suivants sont refoulés. Bien entendu, les billetteries qui jouent les intermédiaires déclinent toute responsabilité dans ce genre de traquenard et renvoient vers les soi-disant revendeurs, généralement basés à l’étranger.

Plusieurs procédures judiciaires, en France et à l’étranger, sont lancées contre ces sites qui alimentent les escroqueries mais, basés dans des paradis fiscaux (le siège de Viagogo est au Delaware, sur la côte Est des États-Unis), ils sont difficilement atteignables. En attendant un assainissement de ce marché, un seul conseil, les éviter absolument !

 

LES PRÉ-RÉSERVATIONS

Pour vous éviter de guetter l’ouverture des billetteries ou la pénible attente avant de parvenir à réserver, d’autres sites jouent les mandataires. Ainsi, Next Concert, Rocket Ticket, Live Booker se chargent de réserver les places pour vous, moyennant une grosse commission. Vous payez par avance un billet qu’ils n’ont pas encore acheté, avec en prime 20 à 100 € de frais… C’est totalement illégal. Une loi du 12 mars 2012 interdit la revente (ou l’exposition à la vente) « de manière habituelle » de billets pour un spectacle (ou un match) sans autorisation expresse de l’organisateur. Les sanctions en cas de non-respect de ces dispositions sont lourdes : 15 000 € d’amende (30 000 € en cas de récidive).

6 CONSEILS POUR NE PAS SE FAIRE PIÉGER

  • Consultez les sites de confiance signalés sur les affiches des spectacles (Fnac, Digitick, FranceBillet, Ticketmaster…), partenaires des événements choisis et vérifiez sur ces sites le prix des places.
  • Ne vous fiez pas aux moteurs de recherche. Ils affichent souvent en premier des sites frauduleux ayant payé pour être placés en avant.
  • Lorsque des frais exorbitants apparaissent au moment du paiement, ou si la place est trop chère, fuyez le site : il n’est pas sérieux.
  • Si vous pensez avoir été escroqué, contactez l’antenne départementale de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), la police ou encore la gendarmerie.
  • L’événement est complet ? Avant d’aller sur un site pas « très net », vérifiez s’il n’existe pas une bourse d’échanges officielle validée par l’organisateur du spectacle.
  • Vous avez votre billet ? Ne le mettez jamais en photo sur les réseaux sociaux. Des personnes malintentionnées pourraient en faire une copie et, grâce à son code-barres reproduit, entrer avant vous au spectacle. Vous seriez alors refoulé, même si vous avez votre billet en main !

UN PASS CULTURE L’ANNÉE DE LEURS 18 ANS

Depuis le 1er février, le pass Culture est expérimenté dans le Bas-Rhin, le Finistère, l’Hérault, la Seine-Saint-Denis et la Guyane auprès de 10 000 à 12 000 Français qui se trouvent dans l’année de leurs 18 ans. Ce pass leur permet d’acheter des biens culturels matériels et numériques (livres, CD, DVD, jeux vidéo, musique, abonnements à la presse en ligne…). Il leur ouvre également la possibilité de réserver des places de cinéma, de concert, de visiter des monuments ou des musées, de payer des cours de danse, de dessin, de chant… D’une valeur de 500 € (200 € pour les biens culturels matériels et numériques), ce pass prend la forme d’une application mobile téléchargeable gratuitement. Grâce à un dispositif de géolocalisation, il fait découvrir les activités artistiques et culturelles proposées près du titulaire du pass. Environ 1 000 partenaires (musées, associations, librairies, cinémas indépendants, Deezer, Fnac, Canal +…) participent à ce programme. Le pass Culture devrait être étendu cet été à d’autres territoires, puis généralisé à toute la France dès l’automne 2019, si l’expérience est concluante. À terme, ce sont près de 800 000 jeunes qui devraient pouvoir en bénéficier chaque année, mais seulement l’année de leurs 18 ans (plus d’infos sur https://pass.culture.fr).

TÉMOIGNAGE

Maria. M, Villeneuve-les-Maguelone (34)

Viagogo… attention, fuyez !

« En septembre 2018, j’ai acheté sur le site Viagogo un billet pour un concert de Patrick Bruel qui s’est tenu en mars dernier à Montpellier. Les places étaient annoncées à 80 €. Habituée à réserver sur des sites comme celui de la Fnac, je ne me suis pas méfiée. J’ai payé 176,60 € par carte bancaire. Je n’ai pas compris que j’étais sur un site de vente de seconde main. Quelle surprise au téléchargement du ticket de voir affiché dessus 80 € et d’y trouver le nom d’une femme domiciliée en Ukraine. S’ensuivit une communication de sourds avec Viagogo, difficile à joindre : pas de téléphone et une adresse mail quasi introuvable sur leur site. Ils m’ont finalement renvoyé vers leurs conditions générales de vente. Viagogo affirme donner l’occasion de vendre des billets inutilisés ou de racheter ceux des autres. Mais le prix final n’est annoncé qu’à la fin du processus de réservation. Suite à la consultation du site de l’organisateur de l’événement (Arena, Montpellier), j’ai craint de ne pas pouvoir accéder à la salle. Heureusement, le code-barres a été reconnu par la machine de l’entrée et j’ai pu assister au concert, agacée de m’être fait rouler : j’ai payé ma place plus du double de ce qu’elle valait réellement ! Seule consolation, le concert était exceptionnel… »