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Argent / Assurance

Comptes et livrets. Quid du pouvoir d’achat ?

Stars incontestées de l’épargne en France, les livrets rapportent peu mais assurent un matelas de sécurité indispensable pour l’épargne de précaution. Encore faut-il choisir le bon produit.

 

Connaissez-vous le produit vers lequel les Français orientent l’essentiel de leurs économies ? Leur compte bancaire, à hauteur de 34 milliards d’euros en 2018, plus de 45 % des flux financiers des ménages. Leur compte courant, celui qui ne rapporte rien. Ensuite, ils alimentent leurs livrets d’épargne, puis l’assurance vie en euros, suivie de près par les unités de compte (les fonds à risque) de ces contrats. Les dernières statistiques de la Banque de France confirment que notre épargne est placée aux deux-tiers sur des actifs garantis, aujourd’hui mal rémunérés. Habitués à des rendements qui déclinent depuis des années, les Français s’en contenteraient-ils ? « Évidemment non, répond Philippe Crevel. Le baromètre 2019 du Cercle de l’épargne montre que leurs priorités ne varient pas : d’abord la sécurité, ensuite la liquidité et enfin seulement le rendement. Parallèlement, ils sont à 30 % convaincus qu’aucun placement n’est rentable ; il y a trois ans, ils n’étaient que 23 % à le penser. Ils ne sont pas dupes de la situation, mais leur priorité reste la garantie et la liquidité de leurs économies. »

 

ATOUT MAÎTRE : L’EXONÉRATION FISCALE

Les livrets dits réglementés sont ceux dont le rendement est encadré par les pouvoirs publics. Leur capital est garanti et les intérêts annuels sont définitivement acquis. Certains bénéficient d’une exonération fiscale totale des gains : ni impôt, ni contributions sociales. Résultat : plus de 82 % des Français détiennent un livret A et 36 % un LDDS (livret de développement durable et solidaire) pour un encours cumulé de plus de 400 milliards d’euros. « Leur comportement d’épargne est complètement en phase avec leur définition d’un placement rentable : un produit qui ne leur fait pas courir de risque de perte en capital, qui est disponible et qui n’est pas imposable », relève Philippe Crevel. De fait, à tout prendre, mieux vaut capter 0,75 % par an que rien du tout sur son compte courant. Pour autant, est-il pertinent de conserver autant d’épargne improductive ?

 

ÉPARGNE LOGEMENT : PENSER À L’AVENIR

Autre produit réglementé, l’épargne logement mérite un peu d’attention, en distinguant bien les atouts respectifs du compte épargne logement (CEL) et du plan d’épargne logement (PEL).

Le rendement du PEL est fixe et dépend de sa date de souscription. Celles et ceux qui en ont ouvert un avant janvier 2015 perçoivent un intérêt brut de 2,50 % (2,07 % nets de contributions sociales) ; il ne sera fiscalisé qu’à partir du treizième anniversaire du plan. Pour les PEL ouverts depuis 2018, le prélèvement forfaitaire unique (PFU) s’applique dès la première année, ravalant le rendement de cette dernière génération de 1 % brut à 0,70 % net. Pour autant, il n’est pas forcément conseillé de le clore. Car il ouvre droit à un prêt immobilier au taux de 2,20 %. Ce n’est pas vraiment intéressant actuellement, mais que les taux remontent – cela finira bien par arriver – et ce crédit retrouvera des couleurs.

En revanche, le CEL peine à convaincre. Son taux fluctue. Actuellement fixé à 0,50 % brut, son rendement est tombé à 0,41 % pour ceux ouverts avant 2018, 0,35 % pour ceux souscrits depuis lors. Reste le crédit auquel il ouvre droit, mais son calcul mixte les droits acquis au fil des ans. Une estimation à faire si vous caressez un projet d’acquisition.

 

LIVRETS FISCALISÉS À QUOI BON ?

Une fois le plein fait sur des livrets défiscalisés (près de 70 000 € pour un couple en additionnant livret A et livret de développement durable et solidaire (LDDS), faut-il céder aux sirènes des livrets dopés ? La réponse est non ! L’offre promotionnelle n’est que temporaire, limitée à quelques mois, le taux d’intérêt retombe ensuite entre 0,2 et 1 % brut. Lorsque votre épargne de précaution est assurée, il est temps d’investir au moyen terme pour capter une performance digne de ce nom.

ET SI LES TAUX REPARTAIENT À LA HAUSSE ?

La FED (Réserve fédérale des États-Unis) comme la BCE (Banque centrale européenne) ont « rassuré les marchés » en début d’année en annonçant le maintien d’une politique monétaire de taux faible en 2019. Donc aucun sursaut de l’épargne sécurisée n’est à attendre. Et si les taux d’intérêt repartaient à la hausse – en douceur – en 2020, on ne peut qu’espérer que les taux des livrets restent stables car la formule de calcul du taux du livret A à compter de février 2020 mixera l’inflation avec le taux de référence quotidien des dépôts interbancaires ; il est aujourd’hui à – 0,37 %. En revanche, les perdants absolus lorsque l’inflation repart à la hausse sont les retraités et les rentiers. Leurs arrérages n’étant pas revalorisés à hauteur de l’inflation, leur pouvoir d’achat s’étiole.

DES PLACEMENTS SANS RISQUE… ET DE PEU D’INTÉRÊT