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Trois questions à…

PR HUGUES PATURAL

Chef du service réanimation néonatale et pédiatrique au CHU de Saint-Étienne

« Les parents doivent résister au mercantilisme des industriels »

Que Choisir Si la mort subite du nourrisson a diminué, elle reste d’actualité, mais on lit ou on entend tout et son contraire sur le sujet. Comment protéger les bébés ?
Hugues Patural Beaucoup de contrevérités circulent, alors que le facteur le plus important de risque de mort subite est identifié depuis le début des années 1990. Trois fois sur quatre, le drame est dû à un étouffement. S’il se produit surtout quand le bébé est couché sur le ventre, même lorsqu’il est sur le côté, il peut basculer sur le ventre. Le nombre de morts subites a chuté depuis que la consigne de coucher impérativement les nourrissons sur le dos a été donnée. On recensait 1 500 décès par an avant, contre 400 actuellement. J’insiste pourtant sur le fait que sur ces 400 décès, au moins 250 sont encore évitables, car exclusivement dus à de mauvaises positions de couchage.

QC Parallèlement à cette consigne de couchage sur le dos, on a vu le syndrome de la tête plate augmenter chez les tout-petits. Y a-t-il un lien entre les deux ? Sinon, d’où vient cette hausse des cas de tête plate ?
H. P. Accuser le couchage sur le dos est en grande partie infondé. On ferait mieux de s’interroger sur les matériels de puériculture qui immobilisent les bébés. Les responsables de ce syndrome de la tête plate, ce sont tous les accessoires à la mode que les parents achètent en croyant bien faire, comme les cale-bébé ou cale-tête, les coussins antitête plate, les nids ou cocons de sommeil… Tous ces matériels vont à l’encontre de la physionomie du nourrisson, de son aptitude à bouger spontanément, qui est en réalité très importante dès la naissance. En bloquant la tête des bébés ou en les maintenant dans une position déterminée, ces accessoires sont délétères.
Il suffit que ses muscles cervico-dorsaux soient inactifs quelques jours pour qu’un nourrisson attrape un torticolis. Il a alors du mal à bouger la tête, les appuis du crâne se font toujours au même endroit, déformant petit à petit la boîte crânienne et provoquant le syndrome de la tête plate. Les parents doivent résister au mercantilisme des industriels de la puériculture et à la désinformation.

QC Mais si tous ces matériels qu’on croit utiles sont nocifs ou potentiellement dangereux, quels conseils pouvez-vous donner aux parents ?
H. P. S’il n’est pas entravé dans ses mouvements pendant ses premiers mois, un bébé n’aura pas la tête plate. Son activité motrice spontanée doit être préservée, et même favorisée. Dès la sortie de la maternité, on le fait dormir dans sa turbulette, sur un matelas ferme, dans un lit à barreaux sans tour de lit, pour qu’il soit stimulé. On alterne son sens de couchage matin et après-midi pour éviter qu’il tourne la tête toujours du même côté. On ne le laisse pas dans son lit quand il est éveillé, on le prend dans ses bras, il peut ainsi s’ouvrir au monde et regarder dans toutes les directions. À partir du deuxième mois, on commence à l’installer sur son tapis d’éveil et à varier ses postures en stimulant son attention avec des jouets de couleurs vives. On évite les balancelles, les poufs en microbilles et tout ce qui ce qui peut l’empêcher de remuer librement.

LES RISQUES D’ÉTOUFFEMENT

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