Santé. Le mythe de l’allergie à l’iode
Nombreuses sont les personnes qui pensent être allergiques à l’iode. Les professionnels de santé eux-mêmes peuvent craindre pour elles une réaction allergique en cas d’examen d’imagerie utilisant des produits contenant de l’iode. Et pourtant, l’allergie à l’iode n’existe pas. Le réseau français des centres régionaux de pharmacovigilance l’a rappelé récemment.
L’allergie à l’iode est une notion couramment répandue. Certains médecins confortent cette croyance en demandant aux patients qui doivent passer un examen d’imagerie (scanner, IRM ou autre radiographie) s’ils sont allergiques aux fruits de mer ou à certains antiseptiques contenant de l’iode. Si c’est le cas, ils évitent de leur injecter des produits qui en contiennent (les produits de contraste iodés) par crainte d’une éventuelle réaction. Ces précautions sont excessives. Car, en réalité, l’allergie à l’iode n’existe pas.
DES ALLERGÈNES DIFFÉRENTS
Il existe bien des allergies aux poissons et aux crustacés, aux antiseptiques ou aux produits de contraste iodés mais les substances en cause, c’est-à-dire les allergènes, ne sont pas les mêmes.
> Pour les poissons et les crustacés, l’allergie est provoquée par certaines protéines des muscles des poissons et des crustacés.
> Pour les antiseptiques iodés (Bétadine et autres), l’allergène est la povidone, la substance active de ces antiseptiques, ou un conservateur utilisé dans ces médicaments.
> Pour les produits de contraste iodés (PCI), des réactions allergiques existent aussi. Elles sont rares mais redoutées par les radiologues car elles peuvent être gravissimes. L’allergène en cause n’est pas connu, mais ces réactions allergiques n’ont rien à voir avec l’iode.
CASSER CE MYTHE, C’EST IMPORTANT
Ainsi, vous pouvez très bien être allergique aux huîtres, aux crevettes ou à la Bétadine et ne pas l’être aux produits de contraste iodés. « L’allergie aux fruits de mer est un problème relativement fréquent mais elle n’est pas associée à une incidence accrue de réactions aux produits de contraste iodés », souligne l’Association des allergologues et immunologues du Québec. Les PCI permettent de mieux visualiser les organes et les vaisseaux sanguins et d’améliorer le diagnostic. Si vous avez besoin d’un tel examen, il serait dommage que vous en soyez privé.
EFFET INDÉSIRABLE OU ALLERGIE VRAIE ?
Les effets indésirables des PCI (douleurs, sensation de chaleur, nausées, etc.) ne signifient pas pour autant que vous êtes allergique à ces produits. Mais si vous avez déjà présenté une réaction à la suite d’une injection de PCI ou d’une consommation de poissons ou de crustacés, il est fortement recommandé de réaliser un bilan allergologique pour savoir si la réaction était ou non de nature allergique. En cas d’allergie réelle, il permet d’identifier le produit en cause, qui vous sera contre-indiqué à vie. Sachez aussi qu’il y a plusieurs PCI. Vous pouvez être allergique à un PCI donné mais ne pas l’être à un autre. Le bilan allergologique est utile pour connaître les produits qui pourront être employés dans votre cas.
L’IODE, UN ÉLÉMENT INDISPENSABLE
Si l’allergie à l’iode existait, ceux qui en sont atteints ne pourraient pas absorber d’aliments contenant de l’iode. Or, nous en ingérons tous quotidiennement, ne serait-ce que par la consommation de sel de table iodé ! L’iode, élément essentiel à l’organisme, sert à la fabrication des hormones thyroïdiennes. Ce micronutriment se trouve naturellement dans les algues, les poissons, les crustacés ou d’autres fruits de mer mais aussi, dans une moindre mesure, dans les produits laitiers, la viande, les œufs ou les fruits et légumes.
Un manque d’iode peut entraîner la formation d’un goitre, une hypothyroïdie et un retard mental (« crétinisme des montagnes » à une époque où les montagnards n’avaient pas facilement accès au sel de mer). Dans les années 1950, l’enrichissement en iode du sel de table a été rendu obligatoire pour prévenir les carences en iode et ses conséquences. Aujourd’hui, il n’y a pas de raison d’être carencé en iode avec une alimentation équilibrée.
L’excès chronique d’iode dans l’alimentation n’est pas exempt de danger. Des troubles thyroïdiens liés à un apport trop important ont été observés au Japon et en Corée où des algues riches en iode sont largement utilisées dans les préparations culinaires.