UFC-Que Choisir de la Nièvre

Alimentation

Colorant E171. Le dioxyde de titane interdit dans les produits alimentaires

Constatant le manque de données sur la toxicité du dioxyde de titane (E171), le gouvernement invoque le principe de précaution pour l’interdire dans les aliments à partir de janvier 2020.

 

Cette mesure conclut une série de revirements : la loi sur l’alimentation votée en octobre dernier prévoyait l’interdiction du dioxyde de titane (colorant E171) dans les produits alimentaires mais le gouvernement s’était fait tirer l’oreille pour signer le décret d’application. Sous la pression d’un collectif d’associations, dont l’UFC-Que Choisir, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) avait finalement été saisie pour avis et le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, avait promis une interdiction à la mi-avril de cette année.
Si le dioxyde de titane est sur la sellette, c’est parce qu’il est la plupart du temps présent sous forme nanoparticulaire, cette taille infinitésimale lui conférant, comme à toutes les nanoparticules, des potentialités toxiques particulières. Outre les produits alimentaires, visés par l’interdiction, il est aussi présent dans certains cosmétiques et dans plus de 4 000 médicaments, comme nous l’avions révélé il y a deux ans.

La décision d’interdiction, plus exactement de « suspension » selon les termes du communiqué publié le 17 avril, se base sur un avis pourtant peu concluant de l’Anses. Les experts n’ont en effet pas mis en évidence un risque clairement identifié mais ont simplement souligné qu’ils ne disposaient « pas d’éléments nouveaux permettant de lever les incertitudes sur l’innocuité de l’additif E171 ». Les 25 études récentes qu’ils ont examinées ne permettent pas, précisent-ils, de confirmer ou infirmer le potentiel effet cancérogène identifié par des chercheurs de l’Inra (Institut national de recherche agronomique) voilà deux ans. En revanche, certaines de ces études mettent en lumière de nouveaux signaux repérés in vitro ou chez des animaux de laboratoires : modification de mécanismes biologiques cellulaires, anomalies du développement, stress oxydant induisant une génotoxicité.
Le manque de données globales demeure cependant patent, les recherches sur les nanoparticules étant extrêmement complexes. Dans ces conditions, il n’est même pas possible de fixer une dose journalière admissible qui permettrait d’encadrer l’utilisation de l’additif et de circonscrire le risque.

C’est donc avant tout au principe de précaution qu’obéit le gouvernement en prenant cette décision, les connaissances sur les nanomatériaux se résumant encore à des signaux inquiétants surnageant dans un océan d’incertitudes. Cette insuffisante caractérisation du risque, soulignée à plusieurs reprises par l’Anses, laisse peser une menace sur la pérennité de l’arrêté, Bruxelles exigeant en principe qu’un danger clairement identifié puisse être démontré pour autoriser un État à prendre de telles mesures d’interdiction. Quoi qu’il en soit, le texte ne prendra effet qu’à partir du 1er janvier 2020, le gouvernement ayant souhaité laisser aux entreprises le temps de modifier leurs recettes. Au regret de l’UFC-Que Choisir, il n’a pas poussé la logique jusqu’au bout, en renonçant à interdire le dioxyde de titane dans les médicaments et dans les cosmétiques ingérables tels que les dentifrices.

Lire aussi

La fiche du dioxyde de titane (E171).