UFC-Que Choisir de la Nièvre

Enquête sur 102 sources d’eau potable « Grenelle ». La pollution agricole de l’eau n’est pas une fatalité

Alors que vient de s’ouvrir la deuxième séquence des Assises de l’Eau visant à réformer la politique de l’eau en France et en l’absence de données officielles, l’UFC-Que Choisir rend aujourd’hui publique une étude qui montre que la persistance des pollutions agricoles dans l’eau n’est pas une fatalité. L’analyse de 102 sources prioritaires particulièrement menacées par les pollutions établit que les mesures de prévention issues du Grenelle de l’Environnement sont globalement efficaces pour obtenir une eau potable sans recourir à une coûteuse dépollution. L’Association demande donc une protection des captages de tout le territoire, ainsi que la mise en œuvre stricte du principe pollueur-payeur.

La persistance des pollutions agricoles sur tout le territoire

Alors que le problème des pollutions de l’eau d’origine domestique et industrielle est en passe d’être résolu, les pollutions agricoles sont quant à elles toujours aussi répandues. En deux décennies, les nitrates n’ont pas diminué dans les nappes phréatiques, quand les pesticides dépassent les seuils légaux de potabilité sur la moitié du territoire français pour les cours d’eau et sur le tiers pour les nappes phréatiques.

La coûteuse impasse de la dépollution rejetée par les consommateurs

Plutôt que de limiter l’utilisation des engrais et des produits phytosanitaires à l’origine de ces pollutions, la France a massivement fait le choix du dispendieux traitement des eaux polluées afin de les rendre potables. Cette politique est aussi onéreuse qu’injuste, puisqu’elle consiste à faire payer par les consommateurs l’essentiel du traitement des pollutions agricoles. C’est ainsi un surcoût compris entre 750 millions et 1,3 milliard d’euros annuellement qui est supporté par les consommateurs via leurs factures d’eau, en violation flagrante du principe pollueur-payeur. Ce thème a d’ailleurs été jugé comme la première priorité des consommateurs dans le cadre du Grand débat national. Cette politique est en outre en partie inefficace puisque, malgré ces traitements, plus de 2 millions de consommateurs reçoivent une eau du robinet polluée par les pesticides ou les nitrates.

Le bilan de l’UFC-Que Choisir 12 ans après le Grenelle : la prévention, ça marche !

En 2007, le Grenelle de l’Environnement avait pourtant ouvert une brèche en faveur de la prévention des pollutions. Pour mille sources parmi les plus menacées en France, une nouvelle approche avait été adoptée, consistant à définir, en concertation avec les agriculteurs, les mesures concrètes à même de limiter les pollutions. En l’absence d’évaluation officielle douze ans après son lancement, l’UFC-Que Choisir a décidé de dresser son propre bilan, en réalisant une enquête à travers la France grâce à son réseau d’associations locales. Un échantillon de 102 sources prioritaires réparties dans 27 départements a été étudié par le biais d’entretiens en face à face avec les structures pilotant la protection de ces captages.

  • Une baisse des pollutions pour deux tiers des sources étudiées : sur les 76 sources pour lesquelles nous avons pu retracer l’évolution des pollutions, il apparaît que les programmes de protection ont entrainé une baisse des pollutions en nitrates ou en pesticides dans 60 % des cas et ont permis d’arrêter la progression des pollutions pour le quart des captages.
  • Les mesures obligatoires trois fois plus efficaces que les mesures volontaires : les baisses de pollutions en nitrates sont trois fois plus importantes quand les plans d’action « Grenelle » contiennent des mesures d’application obligatoires (en moyenne, – 23 % de nitrates) par rapport aux plans d’action dont les mesures sont strictement volontaires (- 8 %).
  • L’impasse sur le bio et le reboisement : on déplore en revanche un très faible développement de l’agriculture biologique et des surfaces boisées dans les aires de captage, alors que ces modes de production sont particulièrement efficaces pour limiter les pollutions dans les zones sensibles.

 

Des résultats encourageants… qui appellent un déploiement d’urgence à tout le territoire

Alors que ces captages prioritaires concernés par cette politique de prévention ne représentent que moins de 3 % des 35000 captages français, le cas général reste cependant celui des sources sans protection particulière contre les pollutions agricoles. Les mesures mises en place sur ces captages « Grenelle » ayant fait la preuve de leur efficacité, il est urgent que ces efforts soient désormais étendus à l’ensemble du territoire. C’est seulement ainsi que la politique de l’eau pourra combiner protection de l’environnement, de la santé et baisse des pollutions.

Décidée à répondre à l’urgence environnementale, l’UFC-Que Choisir formule des propositions concrètes dans le cadre des Assises de l’eau pour protéger la ressource aquatique :

– Un bilan exhaustif de la protection des 1000 captages prioritaires, ainsi qu’un état des lieux régulier de la protection des 35 000 captages du territoire national ;

– Un renforcement réglementaire des mesures de protection des captages :

  • La définition de mesures obligatoires sur les aires de protection des captages ;
  • Le pilotage des plans d’action par les collectivités locales desservies ;
  • Le développement sur les aires de captage de modes de production agricole peu polluants tels que l’agriculture biologique ;

Une extension à l’ensemble des captages des mesures de lutte contre les pollutions diffuses ;

– La mise en œuvre stricte du principe pollueur-payeur, 1er choix des consommateurs dans le cadre des propositions formulées par l’UFC-Que Choisir dans le cadre du Grand débat, pour que les consommateurs ne soient plus les payeurs des pollutions qu’ils subissent.

Consulter la synthèse de l’étude 

28 mars 2019

Achat de panneaux photovoltaïques. Gare aux désillusions !

Nos enquêteurs voulaient réduire fortement leur facture d’électricité et ils ont entendu parler d’autoconsommation grâce aux panneaux solaires. Ils ont donc sillonné les foires et salons de leur département pour se renseigner sur les stands des vendeurs de photovoltaïque. Leurs discours et leurs arguments sont parfaitement rodés, tellement bien qu’à l’issue de leurs démonstrations, la rentabilité est toujours au rendez-vous en dépit de tarifs prohibitifs. Mais le raisonnement tient plus du tour de magie que du calcul, gare aux désillusions !

 

28 000 € pour une installation de panneaux photovoltaïques d’une puissance de 4 kWc (1), Isolplus a fait fort à la foire de Marseille. Pour convaincre, il a promis une économie de 2 100 € par an sur la facture d’électricité grâce à l’autoconsommation. On peut parler d’une belle entourloupe, car les modules produiront tout au plus 5 600 kWh par an, soit, sur la base de 0,16 €/kWh, une économie maximale de 900 € sur la facture, si toutefois le ménage parvient à consommer 100 % de sa production. Mais c’est impossible puisque les panneaux produisent en journée et surtout en été, alors que les pics de consommation électrique, eux, interviennent tôt le matin et surtout le soir quand on est chez soi, autrement dit toujours en dehors des heures de production des panneaux.

Le ménage peut espérer en consommer 20 % spontanément, 40 % s’il cale au maximum sa consommation sur les moments où les panneaux produisent, autrement dit en journée et surtout l’été. Au mieux, il économise alors 360 € sur sa facture. En vendant le surplus non consommé à EDF 10 centimes/kWh, il touchera 340 €, soit 700 € par an, très loin des 2 100 € promis. Inutile d’espérer une quelconque rentabilité.

DES ESTIMATIONS IRRÉALISTES

En réalité, le prix correct pour 1 kWc posé est depuis quelques années de 3 000 € maximum selon Hespul, l’association qui fait référence dans le domaine du photovoltaïque. Elle cite même des installations pour une puissance de 3 kWc facturées 7 500 €, soit 2 500 €/kWc. Or, sur les foires et salons, la majorité des exposants le vend entre 6 000 et 8 000 €. Certains de nos enquêteurs se sont vu proposer des installations à des montants encore plus fous, notamment 41 340 € sur le stand de Nergia à la foire européenne de Strasbourg pour une puissance non précisée mais a priori de 4 kWc ! Le plus fort, c’est qu’en dépit du caractère exorbitant de ces montants, les vendeurs parviennent toujours à présenter une simulation qui rendrait l’investissement rentable. Malgré son prix de 26 800 €, l’installation de 4,2 kWc proposée sur un stand à la foire de Dijon « s’amortit en 6 à 7 ans, et les années suivantes c’est du bénéfice, EDF achète ce que vous ne consommez pas », selon le commercial. Alors, Que Choisir a sorti la calculette. Entre économie sur la facture et vente à EDF, l’installation payée 26 800 € génère un revenu annuel de 580 €. Même si le prix du kWh augmente fortement, les modules auront rendu l’âme avant que l’investissement ne soit rentabilisé. L’affirmation tenait plus du tour de magie que du calcul ! Autre recette éprouvée pour convaincre les clients, l’ajout d’un chauffe-eau thermodynamique. Alpes Énergies Nouvelles facture le tout 20 400 € à la foire de Chambéry, Group Solar ajoute une climatisation réversible et passe à 29 562 € à La Rochelle. Ce pack atteint 38 000 € à la foire de Dole. Ces ajouts sont parfois suffisants pour convaincre, mais ce n’est jamais rentable.

DÉPENSEZ VOTRE ARGENT POUR AUTRE CHOSE

On l’aura compris, Que Choisir déconseille vigoureusement la fréquentation des exposants en photovoltaïque dans les foires et salons. C’est la porte ouverte aux ennuis financiers et aux regrets amers de s’être ainsi fait avoir. Attention, le démarchage à domicile pour le photovoltaïque est tout aussi ravageur, ne signez pas non plus. Signalons tout de même les quelques contre-exemples qui font honneur à la profession. Ainsi, Solethix, à la foire de Castres, ou Damotte génie climatique à celle de Dijon ont expliqué à nos enquêteurs qu’une installation photovoltaïque ne serait pas rentable. « Faites-vous plutôt plaisir avec un autre achat », a même suggéré Prigent-Abiven au salon habitat de Brest.

UN INVESTISSEMENT DIFFICILE À RENTABILISER

Cette carte de l’association Hespul indique le nombre de kWh que peut fournir 1 kWc (1) de modules photovoltaïques, selon l’ensoleillement du lieu où il est posé en toiture. Les chiffres correspondent à des conditions optimales : une exposition plein sud, une inclinaison idéale à 30° et une absence d’ombrages. La production annuelle d’une installation de 3 kWc (la plus couramment proposée aux particuliers) se situe donc entre 2 400 et 3 000 kWh dans une grande partie nord et est, 3 600 et 4 200 kWh dans le Sud-Est. Avec 40 % d’autoconsommation possible au maximum et la vente du surplus à EDF au tarif de 10 centimes par kWh, il est difficile de rentabiliser ­l’investissement. Même avec la prime d’investissement de 2 000 €, il faut payer l’installation au prix le plus juste et vivre dans le Sud plutôt que dans les Hauts-de-France.

Investissement photovoltaïque
Capacité annuelle de production d’électricité pour 1 kWc. À ­multiplier par la puissance proposée pour évaluer votre production.

(1) Kilowattheure crête, l’unité de puissance du photovoltaïque.

27 mars 2019

Enquête Rénovation énergétique. Les professionnels à nouveau lourdement discrédités

Alors que le Ministre de la Transition écologique et solidaire doit présenter prochainement son projet de loi Energie-Climat dans le cadre de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) qui prévoit de rénover 2,5 millions de logements à horizon 2023, l’UFC-Que Choisir rend publics aujourd’hui les résultats exclusifs de son enquête « client-mystère » dans plus de 500 magasins/stands en foires proposant des travaux de rénovation énergétique. Devant les pratiques désastreuses constatées, l’association exige une action urgente pour un cadre juridique (enfin !) efficace permettant de préserver les droits des consommateurs et de relever le défi de la transition écologique des logements.

 

Le scénario de notre enquête1, publiée dans le numéro Que Choisir d’avril, était le suivant : les bénévoles de nos associations locales se présentaient incognito dans des magasins ou des stands en foires, d’une part pour remplacer leurs fenêtres anciennes et d’autre part pour installer des panneaux solaires en autoconsommation, dans le but de réduire leur facture énergétique.

Prix : obtenir un devis, une gageure pour les consommateurs

Le premier enseignement de notre étude porte sur la difficulté pour les consommateurs à obtenir un devis. En effet, malgré les demandes de nos enquêteurs, près de six professionnels sur dix (58 %) ont refusé de leur remettre un devis à l’issue de l’entretien. Comment s’en étonner face au grand yo-yo tarifaire pratiqué par les professionnels ? Pour le même besoin exprimé par nos bénévoles, le prix proposé varie du simple au quadruple pour les fenêtres (de 4400 à 18500 euros) et du simple au triple pour le photovoltaïque (de 2000 à 7000 euros par kWc2). Rappelons que le devis est la clef de voûte d’une saine concurrence, en particulier en foires au sein desquelles la loi ne prévoit aucun droit de rétractation.

Pratiques commerciales : des allégations fantaisistes aux fraudes caractérisées

Les allégations fantaisistes ont la vie dure, puisque 16 % des commerciaux ont promis à nos bénévoles une baisse drastique de leur facture énergétique, sans même avoir visité leur logement, une pratique d’autant plus répandue que ces affirmations ne leurs sont pas opposables en cas de litige.

Par ailleurs, les travaux peuvent s’avérer bien plus chers qu’annoncés. En effet, 18 % professionnels ont sous-estimé leur coût réel en prétendant à tort qu’ils étaient éligibles à diverses aides de l’Etat. Pire, 21 des 60 stands de photovoltaïque visités se sont prétendus titulaires du label public Reconnu Garant de l’Environnement (RGE) alors qu’il n’en n’était rien. Or pour que le consommateur puisse bénéficier du crédit d’impôt, il est indispensable que les travaux soient réalisés par une entreprise RGE.

Enfin, et si ce n’était déjà pas suffisant, plus des trois quarts des exposants en foires (82 %), toutes activités confondues, se sont exonérés de leur obligation d’informer les consommateurs, par un affichage sur leur stand, de l’impossibilité de se rétracter lors de ce type de manifestation.

Conseil : du grand n’importe quoi, même pour le label RGE

Le troisième enseignement de l’étude lève le voile sur le niveau médiocre des conseils des professionnels des fenêtres, qu’ils disposent ou non du label public. RGE ou non, au cours de l’enquête, moins d’un commercial sur cinq (19 %) s’est enquis des caractéristiques d’aération du domicile de nos bénévoles en total contravention avec les règles élémentaires de la profession3. Plus grave, 25 % des commerciaux ont proposé à nos enquêteurs des fenêtres moins efficaces que l’étalon en matière de performance thermique4. Dans le détail, cet écueil touche plus d’un professionnel RGE sur cinq (21 %) et pas moins de 44 % des entreprises non labellisées.

Au vu des résultats accablants de notre enquête de terrain, l’UFC-Que Choisir, déterminée à permettre aux consommateurs de réduire les dépenses énergétiques de leurs logements et assainir le secteur :

– Met à jour son recensement, en accès-libre, des sociétés pour lesquelles nos associations locales constatent de nombreux signalements de consommateurs ;

– Met à la disposition de tous des lettres-types utiles en cas de difficultés liées à des travaux de rénovation et rappelle que son réseau d’associations locales peut les accompagner lors d’un litige avec un professionnel ;

– Interpelle la DGCCRF sur la nécessité de contrôler le respect par les professionnels qui exposent en foires et salons de leurs obligations légales ;

– Exige des pouvoirs publics un cadre juridique (enfin !) efficace, ce qui passe par :

  • Une totale remise à plat de la qualification RGE, avec un renforcement de la formation et des contrôles des professionnels qualifiés ;
  • Une obligation de résultat imposant aux professionnels de respecter leurs promesses en matière de performance énergétique ;
  • Une nouvelle filière d’experts indépendants capables de coordonner les travaux et d’accompagner les consommateurs tout au long de leur démarche de rénovation énergétique ;
  • Un droit de rétractation pour les consommateurs qui souscrivent des travaux de rénovation énergétique en foires et salons.

 

NOTES

1 Enquête menée entre le 29 septembre et 13 octobre 2018 auprès de 291 magasins de fenêtres, 157 stands de fenêtres et 60 stands de photovoltaïque en foires et salons dans 72 départements. Résultats exhaustifs publiés dans le Que Choisir n°579 d’avril 2019.
2 Kilowattheure crête, l’unité de puissance du photovoltaïque.
3 Guide à l’usage des menuisiers, Fédération française du bâtiment, Pôle Fenêtre, version 2.0, décembre 2016.
4 D’après les critères établis par le Bulletin Officiel des Finances Publiques – Impôts, à savoir des coefficients Uw inférieurs ou égaux à 1,3 W/m2.K et Sw supérieurs ou égaux à 0,3.
27 mars 2019

Plafonnement des sanctions en cas d’erreur ou de défaut de TAEG. Un véritable coup de canif à l’information des consommateurs

Alors qu’à l’issue de la réunion du Comité consultatif de la législation et de la réglementation financière (CCLRF) Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, pourrait plafonner les sanctions des banques fautives d’une erreur ou d’un défaut de TAEG au sein des contrats de crédit, nous, associations représentant les consommateurs et les familles, alertons l’exécutif sur l’atteinte grave et parfaitement injustifiée que porte ce projet à l’information des emprunteurs. Sous prétexte d’une harmonisation européenne, et par un lobbying très incisif, les banques entendent valider a posteriori leurs négligences et ouvrent la voie pour l’avenir à des dérives dont les seules victimes sont les consommateurs. Nous, associations, appelons le Président de la République à ne pas céder à leurs injonctions.

 

TAEG : aiguillon de la concurrence longtemps maltraité par le Gouvernement et les banques

Le taux annuel effectif global (TAEG) est l’indicateur qui permet à l’emprunteur de connaître le coût total de son crédit, intérêts et frais imposés par la banque compris. Clef de voûte du consentement, cet outil est le seul qui lui permet de faire jouer la concurrence. Son absence ou une erreur dans son calcul constitue donc un manquement grave à l’information des consommateurs, qui peut être sanctionné par la perte des droits aux intérêts pour le prêteur.

Si la Fédération des banques françaises (FBF) s’abrite derrière la complexité des règles de calcul pour justifier les erreurs de ses adhérents, cette affirmation ne résiste pas à l’analyse. Relevant le caractère « trompeur » du coût du crédit présenté en France1, l’Union européenne a clarifié le champ ainsi que les modalités de calcul du TAEG dès 19982. Il aura pourtant fallu attendre près de deux décennies pour que le Gouvernement permette enfin aux consommateurs de bénéficier d’un TAEG fiable3.

Alors que les principales négligences portent sur des frais obligatoires non intégrés ou sur une base annuelle de référence erronée (année lombarde en lieu et place de l’année civile), la contestation de TAEG nourrit un contentieux fleuve dont le Gouvernement et la FBF sont collectivement responsables.

Plafonnement des sanctions : l’inacceptable blanc-seing aux mauvaises pratiques

Après avoir tant tardé à adopter le standard de calcul européen, le Gouvernement, sous couvert de prendre en compte un principe de proportionnalité… directement emprunté au droit bruxellois4, pourrait désormais limiter les sanctions des banques fautives. Le projet d’ordonnance entend que la peine soit désormais proportionnée au préjudice subi par l’emprunteur et plafonnée à 30 % des intérêts. Ce quasi blanc-seing laissé aux banques est aussi inacceptable qu’incompréhensible puisqu’il passe à côté de la problématique principale : assurer un cadre juridique garant d’une saine concurrence pour les emprunteurs.

D’une part, la stipulation des intérêts est l’objet indissociable d’un crédit. En plus d’assurer une concurrence non faussée, le TAEG concourt à la protection de l’ensemble des emprunteurs par l’interdiction des prêts usuraires. Dans la mesure où la violation de cet encadrement nuit à l’ensemble des consommateurs, pour être dissuasive sa sanction doit être indépendante du préjudice d’un seul client. D’autre part, les arrêts récents de la Cour de cassation témoignent déjà d’une certaine mansuétude à l’égard des banques négligentes. Le projet actuellement à l’étude ne répond donc à un aucun motif d’intérêt général puisque les erreurs des prêteurs ne sont que marginalement sanctionnées de la déchéance totale des droits aux intérêts.

Rétroactivité du plafonnement : un recul sans précédent pour l’état du droit

Enfin, si ce n’était pas suffisant, il est question de donner une valeur rétroactive au mécanisme de plafonnement, faisant fi de l’état du droit et des consommateurs qui ont initié des procédures judiciaires.

Ainsi, le projet présenté aurait pour conséquence d’abolir la jurisprudence de la Cour de cassation pour les affaires en cours. Rappelons qu’une ordonnance est un acte de nature règlementaire auquel s’applique le principe général de non-rétroactivité. Cette option, en plus de constituer une véritable validation a posteriori des négligences des banques, s’apparente en réalité à une double peine pour les consommateurs qui ont initié des procédures judiciaires dont le jugement n’a pas encore été rendu.

Au regard du risque manifeste que le projet d’ordonnance porte aux intérêts des consommateurs, les associations AFOC, CLCV, Familles Rurales, UFC-Que Choisir et UNAF en appellent au Président de la République pour qu’il préserve un cadre juridique garant d’une saine concurrence et protecteur des emprunteurs. Ce dernier impose le maintien de sanctions dissuasives qui garantissent l’effectivité de la législation relative à l’information des consommateurs, notamment en matière de TAEG.

NOTES

1 Rapport sur l’application de la directive 90/88/CEE, Commission des communautés européennes, 1996. « La méthode française s’écarte tellement de la méthode communautaire que les taux d’intérêts français sont trompeurs ».
2 Dès 1990, la directive 90/88/CEE prévoit que le coût total du crédit doit s’entendre comme « Tous les coûts, y compris les intérêts et autres frais, que le consommateur est tenu de payer pour le crédit ». En 1998, la directive 98/7/CE instaure dans son annexe II la formule mathématique du TAEG qui prévoit notamment qu’il est calculé à partir de la notion d’année civile, c’est-à-dire « [qu’une] année comporte 365 jours ».
3 En France, l’adoption du TAEG calculé selon la méthode européenne est intervenue définitivement par l’ordonnance n°2016-351 qui a transposé par harmonisation maximale la directive 2014/17/CE.
4 La directive 2014/17/CE laisse aux Etats membres la liberté de fixer les règles applicables en cas d’infraction à l’encadrement du TAEG. Ces dernières doivent être « effectives, dissuasives et proportionnées ».
22 mars 2019

Le printemps des consommateurs 2019

A l’occasion du printemps des consommateurs, l’Association UFC-Que Choisir de la Nièvre vous donne RDV le mercredi 20 mars au centre Social Vertpré à Nevers à partir de 14h.

Avec UFC-Que Choisir je consomme responsable

À l’occasion de la journée internationale des droits des consommateurs, l’UFC-Que Choisir donne le coup d’envoi d’un Printemps des consommateurs 2019 dédié à la consommation responsable. Nous vous proposons ainsi un petit tour d’horizon de bonnes pratiques à adopter pour moins gaspiller, moins jeter, soutenir l’économie locale, réduire son impact environnemental et finalement, mieux acheter.

Sommaire

Participez au scanathon de l’UFC-Que Choisir pour trier vos cosmétiques

Eviter le gaspillage alimentaire

PDC2019 - gaspillage alimentaire

Alors que 1 Français sur 10 a du mal à se nourrir, le gaspillage alimentaire représente 29 kg par an et par habitant, dont 7 kg d’aliments encore emballés !
En adoptant les bons réflexes, vous lutterez contre ce gâchis. En plus, vous ferez des économies et limiterez votre impact environnemental.

Au magasin

Dressez une liste de courses en prévoyant vos menus de la semaine.
• Ne cédez pas aux promotions incitant à acheter plus que vous ne le souhaitiez initialement.
• Évitez de manipuler les produits fragiles (fromages, végétaux…).
• Ne cherchez pas au fond du rayon le produit ayant la date de consommation la plus longue.
• Évitez de faire vos courses quand vous avez faim, pour limiter le risque d’achats impulsifs.

A la maison

• Ne confondez pas date limite de consommation (DLC) et date de durabilité minimale (DDM, ex-DLUO).
→ Après DLC, un produit est périmé et non consommable.
→ Après DDM, il n’est pas périmé. Il reste sans danger mais peut simplement avoir perdu certaines de ses qualités.

• Cuisinez les produits frais en fin de vie pour repousser leur limite de consommation.
• Rangez votre réfrigérateur selon la règle « 1er entré, 1er sorti ».
• Donnez une seconde vie aux fruits et légumes abîmés ! Même s’ils ne sont pas beaux, ils n’en demeurent pas moins bons (sauf s’ils sont couverts de moisissure).
• Apprenez à cuisiner les parties des fruits et légumes qui sont le plus souvent jetées (fanes, feuilles, épluchures).

A lextérieur
  • Au self, osez dire « Merci, j’en ai assez », quitte à vous resservir.
  • Au restaurant, demandez à conserver les restes.

Soutenir la pêche durable

PDC2019-peche durable

La pêche durable repose sur trois piliers :

  • environnemental (préservation des espèces et de l’écosystème)
  • social (conditions de travail)
  • économique (activité de pêche à l’origine de ressources pour la population).

Mais les principaux logos sont rarement bien identifiés par les consommateurs. De plus, sachez que tous les logos ne se valent pas. Nous les décryptons pour vous.

​ ​PDC - label - MSC
« PÊCHE DURABLE » DU MSC
• Logo le plus connu et répandu au niveau international.
• Se focalise sur les aspects environnementaux.
• Créé il y a 20 ans par le WWF et Unilever (multinationale de l’agroalimentaire), il est aujourd’hui géré par l’association MSC (Marine Stewardship Council), financée par des fondations privées, des industriels, des distributeurs…
• Régulièrement critiqué pour des certifications parfois laxistes accordées à de gros navires ou des méthodes de pêche impactant les habitats.
PDC - label - artysanal
« ARTYSANAL – PÊCHE ARTISANALE GARANTIE »
• Label international, appuyé par l’ONG Forum mondial des pêcheurs et des travailleurs de la pêche.
• Soutient les pêcheries artisanales et une activité locale. Il « définit des critères environnementaux, sociaux et économiques ».
• Peine à s’imposer, faute de moyens et de volumes suffisants.
PDC - label - bar de ligne
 

« BAR DE LIGNE – POINTE DE BRETAGNE »
• Un exemple parmi d’autres de petit label très local répondant à un cahier des charges resserré.
• Ce type de label reste confidentiel et peine à trouver un débouché en grande distribution (faute de volume importants).

PDC - label - france peche
« FRANCE PÊCHE DURABLE ET RESPONSABLE »
• Lancé en 2008 par la filière française de la pêche.
• Peu contraignants, ses objectifs généraux sont : « Afficher lisiblement une pratique de pêche économique et raisonnée favorable au maintien durable de l’activité professionnelle en Manche et mer du Nord. »
PDC - label - pavillon france
 

« PAVILLON FRANCE »
• Créé par la filière française de la pêche.• Garantit des conditions de sécurité, de travail ou encore de qualité sanitaire répondant aux normes françaises mais pas une pêche durable.

PDC - label - peche durable
 

« PÊCHE DURABLE »
• Nouveau logo, lancé par le ministère de la Transition écologique.
• Attendu sur les étals à partir de l’été 2019.
• Prend en compte les trois piliers de la durabilité.

Économisez l’eau

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Réduisez votre consommation électrique

  • Coupez l’alimentation des appareils électriques avec des multiprises à interrupteur.
  • Supprimez les halogènes et éco halogènes, qui consomment 6 fois plus que les LED.
  • Lavez à basse température dès que vous le pouvez.
  • Évitez le programme rapide sur un lave-linge ou intensif sur un lave-vaisselle.
  • Désactivez le démarrage fast ou quick start du téléviseur.
  • Éteignez l’écran de l’ordinateur et débranchez les chargeurs des équipements dès qu’ils sont chargés.
  • Éteignez la lumière quand vous quittez une pièce et installez une minuterie pour minimiser les coûteux oublis.
  • Dépoussiérez ampoules et abat-jour pour préserver leur intensité lumineuse.
  • Faites de même avec vos convecteurs pour maintenir leurs performances.

Voyagez en préservant la planète

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Adressez-vous à des voyagistes impliqués
Privilégiez les voyagistes labellisés par l’association « Agir pour un tourisme responsable » et « l’Association pour le tourisme équitable et solidaire ». Vérifiez que votre tour-opérateur collabore avec des organismes locaux.

Limitez l’avion
Préférez les vols directs à ceux avec escales, les émissions de CO2 étant les plus fortes au décollage.

Partez plus longtemps
Les émissions de CO2 de votre vol seront ainsi « rentabilisées » sur une plus longue durée.

Respectez l’environnement
Réduisez (et ramassez !) vos déchets, ne sortez pas des sentiers balisés. Évitez les activités polluantes (hélicoptère, jet-ski…) et non respectueuses des animaux (promenades à dos d’éléphant…).

Économisez l’eau
Investissez dans une gourde pour limiter le recours aux bouteilles en plastique avec, au besoin, un système pour assainir l’eau (pastilles désinfectantes, paille filtrante, etc.).

Empruntez les transports doux et collectif
Optez pour le train ou les bus locaux plutôt que pour les vols intérieurs et les taxis.

Mangez local
Évitez la viande et les produits importés, privilégiez les fruits et légumes locaux et de saison.

Choisissez des logements écoresponsables
Loger chez l’habitant vous permet d’être au plus près de la population tout en limitant vos émissions.

Pensez à la compensation carbone
Face à la multiplicité des projets, choisissez ceux disposant des labels Gold Standard (GS) ou Voluntary Carbon Standard (VCS).

Smartphone, tablette, ordinateur – limitez votre impact environnemental

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L’usage de plus en plus développé des produits high-tech a un fort impact, tant sur le plan humain qu’environnemental. En prendre conscience vous permettra d’adapter vos équipements à vos besoins et de réguler leur usage quotidien.

Avant d’acheter

Évaluez vos besoins
• Veillez à ne pas vous suréquiper (dépenses inutiles) ni à vous sous-équiper (les limites de l’appareil vous obligeant alors à en changer).
• Privilégiez les labels qui soulignent les produits plus écologiques que la moyenne (Écolabel européen, Energy Star).

Achetez d’occasion
• L’offre s’enrichit : acteurs de l’économie sociale et solidaire, sites d’annonces entre particuliers (où il faut rester prudent), professionnels du reconditionnement.
• Pensez aussi à la location en fonction de vos besoins

À l’usage

Ne laissez pas l’ordinateur allumé
• L’énergie nécessaire pour le rallumer est négligeable par rapport à sa consommation en veille.

Éteignez votre box et son boîtier TV
• En désactivant le Wi-Fi, vous réduisez la consommation de 20 % en moyenne.
• En éteignant la box le soir, vous économisez de 8 à 16 € par an.

Limitez le cloud
• Stocker sa musique, ses mails et ses photos sur Internet consommerait deux fois plus d’énergie que de les conserver sur son appareil pendant un an. Alors, favorisez le stockage local !

Privilégiez la TNT
• Passer par la télévision numérique terrestre est beaucoup moins gourmand en énergie que regarder une émission en streaming HD via une box ADSL.

En fin de vie de vos appareils

Vendez votre vieux smartphone
• Vendez vous-même votre téléphone en bon état ou donnez-le à une association.

Ne jetez pas vos équipements électriques et électroniques usagés
• Déposez-les dans les meubles de collecte prévus à cet effet dans les grandes surfaces.

8 mars 2019